Au-delà du prix, le bio, une question de choix

Caroline Barré, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, le 9 septembre 2014

Manger bio a un prix. Pour plusieurs, c’est un investissement pour longtemps. Pour d’autres, cela représente une dépense qu’ils ne peuvent se permettre.

Réalisé en 2011 auprès de 718 répondants, un sondage révélait malgré tout que les aliments biologiques avaient gagné la faveur de 43 % nouveaux consommateurs québécois en trois ans. L’étude était menée par la firme Jolicoeur et Associés pour le compte de la Filière biologique du Québec qui, en mai 2014, présentait les résultats d’un nouveau sondage, cette fois soumis en 2013 à un échantillonnage de 730 personnes. Près de 55 % des répondants affirment être des consommateurs de produits biologiques et l’étude démontre que 57 % d’entre eux sont fidèles aux aliments biologiques depuis plus de trois ans. Pour 53 % des 330 non-consommateurs, le principal frein à l’achat de produits bio est leur prix élevé.

En quoi consiste l’agriculture biologique« C’est une agriculture plus verte, sans utilisation d’engrais chimiques ni pesticides de synthèse et sans OGM (organismes génétiquement modifiés) », résume Carole Roy, propriétaire et responsable de la production aux Jardins d’Autrefois, une ferme familiale certifiée biologique établie dans la municipalité de Saint-Louis. Le recours aux antibiotiques et hormones de croissance est également interdit. Au niveau de la transformation d’aliments biologiques, les restrictions s’appliquent à l’irradiation et aux agents de conservation chimiques.

Par la rotation des cultures et l’utilisation d’engrais verts dans les champs, l’agriculture biologique se révèle un mode de production respectueux de l’environnement. Ces pratiques, de même que la gestion des eaux, le compostage de matières organiques et le désherbage mécanique, améliorent non seulement la qualité des sols, mais aussi celle de l’air et de l’eau par l’absence de contaminants.

Ce respect, on le remarque aussi en production animale biologique, d’abord par une nourriture composée exclusivement de fourrages et de grains biologiques. De plus, les producteurs ont l’obligation de sortir leurs animaux au grand air. À l’intérieur, des aménagements plus spacieux assurent leur bien-être.

 

Le prix de l’agriculture bio

 

Pour le producteur qui opte pour ce mode de production plutôt qu’une agriculture conventionnelle, il y a aussi un coût. « Faut vraiment suivre nos cultures de proche. Ça nécessite beaucoup de main-d’œuvre et plus de temps aussi », admet Mme Roy pour qui l’agriculture biologique est une question de conviction. Aux Jardins d’Autrefois, seuls des outils physiques et certains produits biologiques sont utilisés. Plus coûteuses, ces méthodes permettent toutefois d’éviter que des pesticides et autres engrais chimiques contaminent l’environnement, mais aussi leurs employés aux champs, qui pourraient en absorber au moment de l’épandage. « De la semence biologique à tout le processus de culture, tout est plus dispendieux », assure Mme Roy. L’obtention de certifications additionnelles entraînerait également des coûts supplémentaires.

« On joue avec la nature, donc les rendements sont un peu moindres que dans le conventionnel », ajoute-t-elle. La production animale biologique suit le même principe. Ainsi, les hormones de croissance sont délaissées pour suivre le cycle naturel des animaux. La période d’élevage est donc plus longue qu’en production animale conventionnelle. Comme consommateurs de produits biologiques, Carole Roy et son conjoint, Rémy Blais, trouvaient quand même logique de se tourner vers ce type de production aux Jardins d’Autrefois.

 

Pourquoi manger bio?

 

Les consommateurs d’aliments biologiques et les producteurs en agriculture biologique partagent la même idéologie. Leurs motivations sont axées sur la préservation de l’environnement et de leur santé. Accroître la vitalité des sols par des pratiques modernes, en évitant soigneusement l’utilisation de substances présumées nocives, permet non seulement d’empêcher ces dernières de contaminer les sols, l’eau et l’air, mais aussi le consommateur. Des recherches démontreraient notamment que les aliments cultivés de façon biologique offriraient un apport substantiel de vitamine C, fer, magnésium, phosphore et antioxydants. Et puisque l’eau y est moins présente, la concentration de nutriments serait, quant à elle, plus forte.

Le soutien de l’économie locale s’impose ensuite. Encourager et valoriser les producteurs agricoles de leur région par l’achat local est un principe fondamental auquel plusieurs adhèrent. Adopter un fermier de famille permet notamment d’éviter les intermédiaires. Cette pratique se traduit non seulement par une amélioration de la condition des producteurs agricoles de la région, mais aussi par une économie pour le consommateur qui ne voit pas son prix gonflé par les différents intervenants entre le producteur et un produit d’alimentation qu’on retrouve en épicerie. Acheter directement du producteur permet aussi d’obtenir des produits mûris à point, ou menés à terme, plutôt qu’un produit qui devra atteindre sa pleine maturité sur la tablette d’un maché d’alimentation après avoir été transporté et entreposé, avant d’y être acheminé. L’Agriculture soutenue par la communauté (ASC) est un concept qui permet ce rapprochement entre le consommateur et une ferme biologique locale.

« L’avantage du goût, c’est important », soutient Mme Roy. Apprécier la différence serait ainsi possible dans toutes les sphères de l’agriculture et de la transformation biologiques. « Souvent, on se permet de faire goûter », admet Mme Roy. Ainsi, le consommateur qui rencontre son fermier de famille peut non seulement savoir comment un aliment est cultivé, mais aussi, découvrir un éventail de produits qu’il n’aurait peut-être pas pensé à inscrire dans ses habitudes alimentaires. Il apprend notamment à les apprêter et peut même repartir avec de nouvelles recettes!

L’organisme Équiterre présente une liste, par région, des fermiers de famille établis au Québec. En 2013, 74 fermes étaient inscrites et couvraient un territoire s’étendant sur 13 régions administratives, sans compter Ottawa.

 

Comment reconnaître les produits bio?

 

Le consommateur doit rechercher l’une des mentions suivantes sur l’emballage du produit : « biologique », « organique », « écologique », « biodynamique », ou leur diminutif « éco » ou « bio ». Cette inscription doit également être accompagnée du logo du certificateur de l’appellation biologique, soit par exemple : Biologique Canada, Produit biologique certifié Québec Vrai, Écocert ou encore Vérifié Biologique.

Afin de les distinguer des produits bio d’importation, les aliments biologiques québécois peuvent, quant à eux, être marqués du logo Bio Québec. On remarque aussi les appellations « Aliments du Québec Bio » et « Aliments préparés au Québec Bio ». Un produit ainsi identifié doit être composé d’un minimum de 85 % de produits biologiques québécois. Les étapes de transformation et d’emballage de ces produits doivent également être réalisées au Québec.

 

 

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