Projet d’expansion de la Canadian Malartic : 47 % des Malarticois inquiets et très inquiets

Louise Leboeuf, Le P’tit Journal de Malartic, le 17 septembre 2014

Plus de 75 personnes étaient présentes au Théâtre Meglab lors de l'assemblée publique organisée par le Comité de suivi Osisko, le 10 septembre dernier pour entendre les résultats du sondage mené par l'Agence de Santé et des Services sociaux de l'Abitibi-Témiscamingue auprès de 439 foyers répondants.

C'est le docteur Éric Lampron-Goulet, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive à l'Agence qui a présenté les résultats du sondage. Poussières, bruits et vibrations se sont encore une fois révélés une source d'inquiétude auprès des Malarticois sondés. Cette fois-ci, les données concernaient le projet d'expansion de la mine qui demande la déviation de la route 117. Cependant, les gens dans la salle ont émis leurs inquiétudes en lien avec leur vécu quotidien actuel.

«47% des gens sont inquiets et très inquiets pour la poussière. Avez-vous fini de nous sonder? Passez à l'action», a exprimé une résidante du quartier Est de Malartic devant une salle qui a manifesté son appui par des applaudissements. Le docteur Lampron- Goulet a précisé que les résultats du sondage serviront de références pour l'analyse de l'étude d'impact environnemental d'un point de vue de santé publique.

Les gens ont également fait mention de piscines et de gouttières bloquées par la poussière de mine. Une dame raconte: « J'ai la succession de la maison familiale. Impossible d'étendre le linge dehors, il devient jauni. En 6 mois, j'ai eu trois visites et aucune offre d'achat. » Les gens du quartier Est ont réclamé une sonde pour évaluer la poussière dans leur secteur. À la fin de la soirée, la minière y a consenti.

Dans l'ensemble, les explications du docteur Lampron-Goulet n'ont pas rassuré les résidants qui sont également inquiets pour leur santé. « Le contenu des poussières, la synergie des métaux contenus sont autant d'éléments qui inquiètent pour la santé, notamment celle de la population plus vulnérable», mentionnait l'assistance.

 

Les résultats en bref

 

Parmi les nombreuses statistiques transmises par le docteur Lampron- Goulet, notons que les répondants se sont dits inquiets et très inquiets à 47% pour la poussière, 36% pour les sautages, 38% pour la qualité de l'eau et 36% pour le bruit, face à l'agrandissement de la mine. D'autres inquiétudes concernaient la déviation de la route

117. Les gens se sont exprimés en petits groupes avant de reprendre la discussion en plénière.

«On vit les désagréments au quotidien. Les fondations de nos maisons craquent et la minière n'écoute pas nos doléances. On nous répond que nos maisons sont vieilles ou que c'est à cause du froid. Ça prend des expertises indépendantes. On n'est pas des nonos», s'insurgent les résidants.

 

Version de la minière

 

Éric Tremblay, directeur des opérations minières pour Canadian Malartic a avoué en entrevue que les plaintes pour les fondations de maisons sont toutes confiées à une firme indépendante engagée par la minière.

«Si la firme demeure ambigüe, on paie les réparations. Quand le rapport est clair, on s'y fie», précise-t-il en ajoutant que la mine a déjà remplacé des fenêtres et a fait des, réparations.

Canadian Malartic possède quelques maisonslaboratoires dans différents secteurs de Malartic, entre autres près de la fosse et une habitée dans le quartier Est. Des sondes pour évaluer les différents irritants y sont installées.

 

La vibration

 

« On vit sur la rue Royale. Les sautages réveillent mon bébé. On se sent emprisonné. Notre maison est à vendre depuis 2 ans 1/2. Avec l'agrandissement prévu de la mine, on va être entouré par les opérations minières avec tous les inconvénients. Qui voudrait vivre ça?», lance une jeune maman.

Pour l'année 2014, Canadian Malartic a été en dépassement de la surpression à 4 reprises et deux fois pour les vibrations.

 

Le BAPE

 

La nouvelle loi québécoise sur les mines impose à tous les projets miniers de présenter une étude d'impact environnemental au bureau des audiences publiques. C'est pourquoi, le projet de déviation de la route 117 devrait débuter en 2017. « Nous allons présenter notre étude avant la fin de l'année 2015. Si tout va bien, l'extension de la mine démarrerait en 2018», mentionne Éric Tremblay de Canadian Malartic. La mine a déjà rencontré certains propriétaires de la rue Royale pour acheter leur maison. La fin de vie de la Canadian Malartic est prévue en 2023.

 

Réaction de la Ville

 

Par voie de communiqué, la Ville a fait savoir qu'elle demeure à l'écoute des citoyens. Elle rappelle également les impacts positifs de l'arrivée de la minière dont la diminution du taux de chômage. «Le projet d'agrandissement exige la tenue d'études rigoureuses et que des mesures d'atténuation sont à définir.» peut-on lire.

La minière affirme envisager une zone tampon.

 

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