Une famille comme les autres

Gabrielle Germain, La Quête, Québec, septembre 2014

Depuis quelques années déjà, le type de famille traditionnelle explose pour former plusieurs hybrides. Si la famille recomposée et monoparentale semble faire partie intégrante du nouveau schéma familial, la famille homoparentale quant à elle se fait de plus en plus visible.

Entre l’acceptation sociale et gouvernementale, les défis des familles homoparentales peuvent être de taille. Avec les manifestations, en France, contre le mariage pour tous, il est évident que bien du chemin reste à faire pour les couples de même sexe et leur famille, et ce, partout dans le monde. Mais qu’en est-il au Québec ? Mona Greenbaum, directrice générale de la Coalition des familles homoparentales, a bien voulu répondre aux questions de La Quête.

 

Des chiffres difficiles à cerner

 

Mme Greenbaum mentionne que les sondages sur le nombre de familles, et d’enfants vivant en milieu homoparental, ne reflètent pas totalement la réalité puisqu’il existe plusieurs définitions de la famille homoparentale. « Il y a les couples de même sexe, les couples qui étaient au départ hétérosexuels et dont un des deux partenaires a quitté afin de vivre son homosexualité, les couples transgenres, certains cas sont plus complexes aussi » énumère-t-elle. S’il est difficile d’établir un nombre exact, plus de 1400 familles sont cependant membres de l’organisme communautaire de la Coalition des familles homoparentales.

Le statut légal ne pose plus de réel problème depuis 2002, les papiers étant inclusifs pour la plupart. Ainsi, les deux parents, adoptifs et/ou naturels (dans le cas des couples de femmes), sont reconnus légalement, ce qui n’est pas le cas en France. Les deux parents ont donc des recours si l’un d’eux meurt; contrairement en France où la situation d’un enfant vivant en famille homoparentale est précaire si son parent adoptif (seul tuteur légal même s’il a un conjoint depuis des années) décède soudainement.

 

Des enfants longtemps désirés

 

Si les parents homosexuels ne sont pas de meilleurs parents, Mme Greenbaum insiste sur le fait qu’il n’y a aucun « accident», comme c’est parfois le cas pour les familles hétérosexuelles. « Quand un couple de même sexe décide d’avoir un enfant, il est vraiment désiré, car les démarches sont souvent très longues. » précise Mme Greenbaum. Elle compare d’ailleurs leur situation à celle des couples infertiles. Il faut temps et énergie avant de pouvoir tenir dans ses bras l’enfant tant désiré, cela peut prendre des années. « Il est plus facile pour les couples LGTB (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) d’adopter au Québec qu’à l’international ajoute la directrice générale de la coalition. » Trente pour cent des postulants dans notre province seraient d’ailleurs, selon l’organisme, des couples de même sexe.

Certains stéréotypes font aussi la vie dure aux enfants vivant en famille homoparentale : l’enfant a besoin d’un père et d’une mère, l’enfant ne sera pas équilibré, il sera plus ouvert, etc. Mme Greenbaum insiste « les études ne démontrent pas de différence à cet effet. Les enfants peuvent être plus ouverts sur la diversité sexuelle, mais pas nécessairement sur d’autres sujets, telle la couleur d’une personne par exemple. » En gros, un enfant reste un enfant, qu’il soit en famille homoparentale ou en milieu hétérosexuel, il a besoin de la même chose : de l’amour, de la compréhension et de la discipline.

Dans le documentaire J’ai deux papas/ J’ai deux mamans, les enfants interrogés insistent sur le fait qu’ils n’ont jamais connu autre chose que deux pères ou deux mères. Ils ne ressentent donc pas le manque d’un parent du sexe opposé puisqu’ils ne connaissent pas cette réalité. Une situation qui pourrait être vécue difficilement serait, par exemple, celle de l’homosexualité cachée, dans le cas, notamment, d’un parent vivant une situation hétérosexuelle et qui divorce par la suite afin de vivre avec un partenaire du même sexe.

Lorsqu’on lui demande quels sont les problèmes des enfants vivant dans une famille homoparentale, ou encore transgenre, Mme Greenbaum fait surtout mention de l’homophobie et la transphobie à l'école, qu’elles soient vécues directement ou indirectement par l’enfant. « Un des rôles de la coalition est d’ailleurs de sensibiliser les éducateurs sur ces problématiques, en plus de leur fournir les outils nécessaires afin de savoir réagir en pareil cas », mentionne-t-elle. Mais attention, les enfants vivant en milieu homoparental ne sont pas nécessairement plus victimisés que ceux qui ne correspondent pas au moule qu’on leur impose.

 

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