Pays du Porc-Épic ou Pays de l’Or Noir ?

Yvan Roy, ÉPIK, Cacouna, septembre 2014

En 1975, le père Réal Lebel, S.J., lançait fièrement son livre «Au pays du porc-épic -Kakouna». En page 294, il y insérait le chant-thème des Fêtes de Cacouna

(paroles et musique de Claire Pelletier Bonin):

 

« Cacouna, si coquet sous ton feuillage discret,

Tu souris au grand fleuve d’argent.

Cacouna, plein d’espoir, qu’il est doux de te revoir,

De rêver, de t’aimer, de chanter. »

 

Aurait-il encore envie de chanter ces paroles, 40 ans plus tard, devant le projet actuel où Cacouna est présenté et déjà reconnu nationalement et internationalement comme l’exutoire maritime du pétrole des sables bitumineux de l’Ouest canadien?

Croire qu’il est possible de faire transiter hebdomadairement, sans danger, une quantité à peine imaginable de pétrole au coeur de zones sensibles abritant et nourrissant toute la chaîne alimentaire de l’estuaire, chaîne dont nous faisons partie, serait faire preuve d’une grande naïveté. Encore plus lorsqu’on examine avec réalisme les opérations de transit: malgré les normes qu’on dit respecter, d’énormes quantités de résidus d’eau de ballast polluée et porteuse de micro-organismes étrangers à nos eaux, en provenance de ports lointains, viendront inévitablement interagir avec les organismes de l’estuaire. Si on ajoute à cela qu’aucune mesure de récupération n’est possible en cas de déversement sur un fleuve glacé…

Le dépôt préliminaire, présentant seulement les grandes lignes du projet, suscite à lui seul de nombreuses interrogations et inquiétudes (consulter le dossier central). Les études préparatoires, impliquant des travaux en milieu sensible (levés sismiques, carottage), se font déjà dans la controverse, à la limite de la légalité, en brandissant des autorisations obtenues d’instances politiques qui n’offrent aucune transparence sur leur fondement. Dans un tel contexte, si le projet, comme prévu, est déposé dans les semaines à venir, on devra s’attendre et exiger de nos élus qu’ils ne se contentent pas de faire confiance au promoteur ou aux instances gouvernementales supérieures, mais qu’ils prennent les mesures, comme gouvernement municipal responsable, pour défendre les intérêts de la population et de son milieu de vie, à tous les niveaux: santé, sécurité, risques, et ce, par une véritable information et en toute transparence.

Comme cela a bien été mentionné lors de la période de questions qui a suivi la dernière session de conseil du 10 septembre, il est totalement faux d’affirmer que, advenant une acceptation du projet par le provincial et le fédéral, le municipal ne pourrait rien faire.

Avec l’attention médiatique croissante, Cacouna est déjà perçu internationalement comme le lieu d’écoulement (sic!) hors pays du pétrole des sables bitumineux. Si, par son gouvernement local ou par référendum, Cacouna disait «NON» à ce projet, jamais décision municipale ne pourrait avoir une plus grande portée, démontrant sans l’ombre d’un doute le bien-fondé de la devise du «pays du porc-épic»: Qui s'y frotte s'y pique !

 

 

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