Un grand frère

Andrée-Anne Lévesque-Aubé, La Quête, Québec, septembre 2014

Ils ont plus de 15 ans de différence, ne partagent aucun lien de parenté et étaient de purs inconnus jusqu’à il y a quelques années. Aujourd’hui, Thierry et Guillaume sont pourtant comme des frères. « La seule différence, c’est que mon vrai frère, je le bats un peu ! », blague ce dernier. Rencontre avec un duo improbable dont l’amitié témoigne de la réussite des programmes de mentorat de l’organisation des Grands frères Grandes Sœurs.

Fondée aux États-Unis au début des années 1900, mais implantée au Québec depuis 1975, l’organisation des Grands frères Grandes Sœurs (GFGS) vient en aide aux enfants de 6 à 18 ans issus de familles monoparentales. Ses programmes de parrainage visent à offrir un modèle adulte à ces jeunes qui manquent souvent de repères identitaires. Selon la plus récente Enquête sur la famille réalisée en 2011 par Statistique Canada, c’est près d’un enfant sur cinq qui grandit au sein d’une famille monoparentale.

Thierry, lui, vit avec sa ‘ mammy ’. C’est cette dernière qui lui a proposé de faire appel aux GFGS. « Moi je pensais que c’était juste d’être avec quelqu’un une fois aux deux semaines, mais c’est beaucoup plus que ça », explique le jeune de 12 ans. Difficile d’en douter à voir le sourire qui illumine son visage lorsqu’il regarde son « grand frère ».

Avoir un grand frère, c’est d’abord l’occasion de faire des activités qu’il ne fait pas avec sa grand-mère : aller voir des spectacles, visiter le Salon de l’auto, faire de la rénovation et du sport, surtout du sport. Vélo, hockey, ski alpin, football, Thierry en mange. « En me défoulant dans le sport, j’ai appris à contrôler mon agressivité. Avant, j’avais du mal à la gérer ». Timidement, il admet aussi qu’il se sent plus ouvert et qu’il fait davantage confiance aux autres depuis qu’il fréquente Guillaume.

Lui aussi amateur de sport, Guillaume compare son rôle de mentor à celui d’un entraîneur de boxe. « Dans la vie, comme sur le ring, c’est toi qui mènes ton combat. Tu es seul, c’est tes gants, c’est toi qui te protèges et qui attaques. Dans ton coin, il y a des gens qui sont là pour s’occuper de toi, t’aider et te coacher, mais ils ne feront pas tes batailles à ta place. C’est ça le rôle d’un mentor. »

Depuis son premier contact avec les GFGS, Guillaume n’a cessé de s’impliquer au sein de l’organisation, jusqu’à devenir président de la division Capitale Nationale. Mais « être grand frère, c’est mon rôle le plus important », insiste-t-il. « C’est quelque chose de sérieux, mais tu reçois tellement plus que tu donnes. Tu rentres là-dedans en te disant que tu vas changer la vie d’une personne, mais après un an, tu réalises que tu as changé la vie de deux personnes parce que tu as changé la tienne aussi. » Humblement, il reprend les mots du PDG des GFGS du Canada qui rendait hommage aux « héros obscurs du mouvement, ceux dont on ne parle jamais, mais qui sont pourtant indispensables», c’est-à-dire les mères et pères qui ont le courage de mettre leur jeune dans les mains de cette organisation.

De son côté, la grand-maman de Thierry, n’a que de bons mots pour les GFGS. Processus de sélection sérieux, formations et intégration progressive, tout est mis en place pour mettre les participants en confiance. Aujourd’hui, c’est avec plaisir qu’elle invite Guillaume à se joindre aux activités de son club social ou à venir fêter à la maison. « Je ne peux pas m’imaginer si Guillaume n’était pas là. C’est positif sur tous les plans. Tout le monde devrait connaître les bons côtés des GFGS. »

 

Les GFGS du Québec ont besoin de vous !

 

Chaque année, le mois de septembre est l’occasion pour l’organisation des GFGS de faire la promotion de leurs activités. Guillaume De Montigny, mentor et président de l’agence de la région de Québec, explique que le recrutement de bénévoles masculins constitue le principal défi de l’organisation. Non seulement les femmes sont plus nombreuses à se porter volontaires, mais elles sont aussi surreprésentées lorsqu’il est question de monoparentalité. Par conséquent, les jeunes garçons qui souhaitent avoir un grand frère doivent parfois attendre plus d’un an avant d’être jumelés. Une étude réalisée pour la compagnie d’assurance Standard Life du Canada a pourtant démontré que les bénévoles GFGS sont généralement plus heureux, plus optimistes et plus jeunes d’esprit que la moyenne des Canadiens. Qui plus est, Guillaume assure que le statut de grand frère est presque aussi populaire auprès de la gent féminine que celui de pompier !

 

classé sous : Non classé