Louis Poliquin, Ski-se-Dit, Val-David, septembre 2014
La synagogue de Val-Morin, longtemps la maison du Théâtre du Marais, qui emménagera l’hiver prochain dans un nouveau bâtiment présentement en construction, a pu revivre l’espace de quelques heures le 23 août dernier, avec ses souvenirs et ses fantômes. C’est grâce à l’artiste valmorinoise Sophie Castonguay qu’ont pu être recréés les moments d’intensité de ce haut lieu des arts, dans l’intimité et la richesse de l’ancienne synagogue. Le spectacle sonore avait pour titre Tenir lieu : les voix de la synagogue.
Une cinquantaine de personnes s’étaient regroupées devant l’ancien Théâtre du Marais. Neuf femmes munies de casques d’écoute déambulaient d’un pas lent parmi les spectateurs. À tour de rôle et en groupe, elles prenaient la parole, laissant découvrir dans un récit construit de phrases détachées des souvenirs et des expériences vécues dans la synagogue, du temps du Théâtre du Marais. Sophie Castonguay, l’auteure du montage sonore et l’instigatrice du projet, dirigeait la présentation.
L’artiste avait ciblé les femmes du collectif Sortie 76 pour créer sa pièce sonore. Réunies sur les lieux quelques mois auparavant, celles-ci avaient puisé dans leurs souvenirs pour dire comment elles avaient vécu l’expérience du Théâtre, comment elles s’y étaient senties et comment elles en voyaient l’avenir. À partir d’extraits de ces témoignages enregistrés, Sophie Castonguay a créé un montage sonore divisé en neuf partitions, chacune récitée à son tour.
Ensemble, en ce beau dimanche, elles ont redonné vie au vieux Théâtre du Marais. Les spectateurs ont été plongés pendant 45 minutes dans l’atmosphère du lieu comme il avait été vécu par ces femmes, tout en réveillant leurs propres souvenirs. Spectateurs et artistes ont ainsi souhaité que cet ancien lieu de diffusion de la culture devienne un lieu de création, de rencontre et d’expérimentation.
Touchant et très ancré dans la communauté, le travail artistique de Sophie Castonguay se distingue par son engagement social et politique. En ciblant la synagogue de Val-Morin comme moteur de création, elle a su mettre en perspective ce lieu, au moment où sa vocation future est ouverte à de vastes possibilités. Sophie Castonguay a pu réaliser ce projet grâce à une bourse du Fonds des Laurentides pour les arts et les lettres. Elle a aussi reçu l’appui et le soutien de la Municipalité de Val-Morin.