Entente historique entre la Première Nation Malécite et la MRC des Basques

Marjolaine Jolicoeur, L'Horizon des Basques, MRC des Basques, septembre 2014

Anne Archambault, Grande Cheffe de la Première Nation Malécite de Viger et Bertin Denis, préfet de la MRC des Basques, ont signé à Cacouna une entente pour un projet de Parc Régional Inter-Nations, le 19 août dernier. La Grande Cheffe Anne Archambault a qualifié l’entente d’historique : « Aujourd’hui est une date importante à retenir  car elle exprime un moment d’histoire où la Première Nation Malécite de Viger sera partie prenante des décisions concernant son territoire ancestral».

Situé sur le territoire public de la MRC des Basques, ce projet de parc veut développer une mise en valeur commune du potentiel récréotouristique de ce patrimoine collectif qui s’étend sur 265km2.

Selon le préfet Bertin Denis, les grandes orientations du projet vont s’échelonner sur une période de  plus de dix ans et on analysera chaque projet pour sa viabilité financière. « Nous voulons prendre le temps de travailler pour faire du Parc Régional un projet rassembleur ayant pour fondement la vocation multiressources de la forêt  dans une perspective de développement durable. » Cet engagement commun sera respectueux des milieux naturels et il s’agit d’un projet de territoire habité et non d’une zone de conservation. « Nous allons utiliser l’ensemble des terres publiques pour le bien de tous les citoyens », a ajouté le préfet. Camping rustique, baignade, sentiers pédestres ou de ski de fond, pistes cyclables, réserves fauniques, mise en valeur des sites naturels, de multiples activités de villégiature s’avèrent possibles pour plusieurs municipalités : le secteur Porc-Pic de Saint-Simon, Saint-Mathieu-de-Rioux, Sainte-Françoise, Saint-Jean-de-Dieu, Saint-Guy tout comme le lac Saint-Jean de Sainte-Rita.

 

Club Appalaches

 

On retrouve aussi sur le territoire public le Club Appalaches qui détient des privilèges exclusifs de chasse, de pêche et de piégeage, depuis 1910.  Parsemé de trente lacs, dont le Lac-Boisbouscache, le club s’étend sur une superficie de près de 150km2  entre Saint-Mathieu-de-Rioux, Sainte-Françoise et Saint-Médard. Selon un jugement de la Cour d’appel du Québec de 1999, les citoyen(nes) détiennent cependant un égal droit d’accès à cette partie du territoire – même en temps de chasse –   pour y pratiquer d’autres activités que celles de la chasse, de la pêche et du piégeage.

 

La Loi 206

 

Ce partenariat entre la Première Nation Malécite de Viger et la MRC des Basques découle de la Loi 206 adoptée en juin 2013 leur concédant le droit de créer un organisme à but non lucratif pour l’exploitation d’un parc régional.

Le Club Appalaches – qui s’est opposé à cette loi –  avait alors déclaré, par voie de communiqué, que son adoption ne  signifiait nullement qu’il perdait ses droits de chasse et de pêche sur l'ensemble de son territoire.  Là où serait implanté le futur parc, il proposait plutôt de négocier ses droits qu’il estime à 50 M $. Interrogé lors du point de presse à Cacouna sur l’épineux dossier Appalaches, le préfet Bertin Denis a répondu qu’au niveau des négociations de partenariat « la balle était maintenant du côté du club». La Grande Cheffe Anne Archambault a pour sa part cité un jugement récent de la Cour suprême du Canada sur le titre ancestral – l’Arrêt William – qui donne à une Première Nation le droit de contrôler et d’utiliser tout le territoire qu’elle revendique.

 

Qui sont les Malécites de Viger?

 

Le 30 mai 1989, le gouvernement du Québec reconnaissait, par résolution, la Première Nation Malécite de Viger en tant que « onzième nation autochtone du Québec ».  Elle dispose d’un territoire situé dans le canton de Whitworth, près de Rivière-du-Loup, et d’un petit lot à Cacouna, la plus petite réserve autochtone au Canada. La population québécoise de Malécites s’élève à 1 102 (Secrétariat aux affaires autochtones-2012). Fidèles à leur mode de vie traditionnel, ils refusent toujours de se voir confinés dans une réserve et aucun d’entre eux ne vit en permanence sur l’une ou l’autre de ces réserves. La plupart ne parlent plus leur langue maternelle, le Wolastoqiyik, mais le français. On retrouve  des Malécites au Nouveau-Brunswick et dans le Maine.

Nommés aussi « peuple de la belle rivière »  les Malécites avaient leurs territoires de chasse et de pêche le long de la rive sud du Saint-Laurent.  Ils cultivaient aussi le maïs. La délimitation de leur territoire ancestral est soutenue par des documents historiques et anthropologiques de chercheurs, des documents d’explorateurs et gouvernementaux, des registres religieux ainsi que des témoignages oraux
 

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