Pleins feux sur l’agriculture à l’île d’Orléans

Hélène Bayard, Autour de l’île, Île d’Orléans, août 2014

 

Virginie et Alexandre Prémont assurent la relève à la Ferme Dufleuve

 

Jeunes, dynamiques et passionnés, Virginie et Alexandre Prémont représentent bien la nouvelle génération de producteurs agricoles de l’île d’Orléans. Il y a environ deux ans, leur père, Grégoire, a formé avec eux une entreprise de production laitière et acéricole, Ferme Dufleuve G.V.A. Prémont Inc. Patrimoine familial depuis six générations, la ferme qu’ils exploitent tous trois à Sainte-Famille est typique des fermes familiales possédées et gérées par les membres d’une même famille, sans embauche d’autres travailleurs.

«On a toujours suivi notre père sur la ferme et participé aux travaux. C’est ce qu’on aimait faire, même adolescents, même lorsqu'on devait travailler plutôt que suivre les amis, les fins de semaine», nous disent Virginie et Alexandre. Ni l’un ni l’autre n’a jamais envisagé une autre profession : l’agriculture est leur passion. Mais aujourd’hui, la science a rattrapé l’agriculture ; par conséquent, la formation professionnelle est la norme. Comme bon nombre de jeunes agriculteurs québécois, Virginie a suivi une formation en Techniques agroalimentaires à L’École d’agriculture de La Pocatière et Alexandre détient un diplôme en Gestion d’entreprise agricole du cégep Lévis Lauzon.

 

Le partage des tâches

 

En 2004, la production maraîchère de la ferme a été abandonnée ; les énergies se sont alors concentrées sur les productions laitière et céréalière et sur l’acériculture. Alexandre, Virginie et leur père se répartissent les responsabilités, mais partagent certaines tâches. Virginie et Alexandre assument la responsabilité des animaux : alimentation, soins, traite, gestion de la reproduction, soin des veaux, etc. Grégoire s’occupe davantage de la paperasse, de la machinerie, de la production de céréales. Et tous trois mettent la main à la pâte pour les récoltes, les grands travaux, l’entretien et l’exploitation de l’érablière et la coupe du bois.

 

La production laitière

 

Aujourd’hui, le troupeau de race Holstein comporte 75 vaches en lactation. On peut compter 62 vaches traites quotidiennement ; la balance est logée dans une autre étable, aux côtés des génisses de remplacement. En ce moment, elles fournissent 1 940 litres de lait à 4,06 % de matière grasse par jour, ce qui excède le quota quotidien de 70 kg de matières grasses alloué à la ferme par la Fédération des producteurs de lait. Tous les deux jours, un camion ramasse le lait et des échantillons sont prélevés pour vérifier le pourcentage de gras. «Ces tests sont très importants. Ils déterminent le contrôle quotidien qu’on doit exercer sur les matières grasses dans l’alimentation des animaux. C’est un équilibre très délicat», dit Virginie.

En l’espace de quelques années, grâce à une gestion très serrée de l’alimentation des bêtes et à une sélection des géniteurs (insémination), la production laitière a connu un essor considérable. Ainsi, on est passé de 8 400 kg de lait ⁄ vache ⁄ année à 10 300 et on vise aujourd'hui les 11 000. D’autre part, la conformation des vaches a aussi connu une amélioration : le troupeau compte maintenant 2 vaches classées excellentes, 18 très bonnes, 36 bonnes plus et 12 bonnes. «Cette année, on présentera trois génisses au concours Expo Orléans», dit Alexandre, fier du cheptel.

Chaque mois il naît à la ferme cinq à six veaux qui sont tout de suite placés dans des niches, à l’extérieur, et nourris au biberon. On ne garde que les femelles – les mâles sont vendus – et au bout de deux mois, elles passent à l’enclos qui leur est réservé, près de l’étable. Lorsque ces bêtes atteignent le stade de taures, elles sont envoyées dans une étable froide à trois murs où elles bénéficient du grand air et d’un espace confortable. Des suppléments protéiniques sont ajoutés à leur alimentation, mais pas d’antibiotiques.

 

La production céréalière

 

L’autre grande production de la ferme, les céréales et les légumineuses, occupe environ 460 acres, dont une partie en location. On cultive le maïs et la luzerne: une partie des récoltes répond aux besoins de l’entreprise et est entreposée dans trois grands silos (maïs grain humide, ensilage de maïs pour les vaches en lactation et fourrage) ; le reste est vendu. «Tout le monde, y compris les conjoints, met la main à la pâte, nous dit Alexandre, qui ajoute : pas tout le temps facile, mais quand on aime ce qu’on fait… » Et comme si toutes ces tâches ne suffisaient pas, il y a aussi la production de sirop d’érable et la coupe du bois. «C’est notre père surtout qui s’occupe de ça», dit Virginie. Ils écoulent leur production de sirop auprès de trois clients (restaurateur et épiciers) à Québec et ils bûchent environ 200 cordes de bois, dont une partie est aussi vendue.

Depuis 2004, 12 fermes laitières ont disparu, à l’île, réduisant de 24 % le nombre d’animaux. Quand on demande à Virginie et Alexandre comment ils expliquent cette situation, ils nous répondent sans hésiter : «le manque de relève. Il faut vraiment aimer ça pour travailler 12 à 14 heures par jour, sept jours sur sept.» Heureusement, Grégoire Prémont n’a pas connu ce sort. Trois de ses cinq enfants ont suivi ses traces, dont Virginie et Alexandre qui prennent progressivement la relève sur la Ferme Dufleuve.

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