Gestion des sols : Une pente glissante

Kristina Jensen, L’Écho de Cantley, Cantley, août 2014

Depuis quelques années, la déforestation s’est accélérée dans la région de l’Outaouais. À la suite d’un taux de croissance impressionnant de 25 pour cent durant la période de 2006 à 2011 dans notre municipalité, beaucoup d’arbres ont été abattus pour faire place aux maisons neuves, construites dans le but d’héberger les nouveaux arrivants.

Ce phénomène n’est pas unique à Cantley. Il est mondial. Partout sur notre planète, l’activité humaine crée des changements importants et des répercussions encore plus importantes. Parfois, le changement peut être lent et passer relativement inaperçu. D’autres fois, il peut aussi se produire à un rythme alarmant et occasionner des pertes coûteuses. Bien oui, un autre article ennuyant sur le « changement climatique »!

Nous ne sommes pas à l’abri des conséquences de nos gestes. Même si nous sommes des gens agréables, gentils et un peu las des cris d’alarme apocalyptiques incessants des environnementalistes. Le bombardement des études climatiques et de leurs conclusions dramatiques devient de plus en plus facile à ignorer. Ce n’est pas juste le sol qui est sursaturé. Mais que nous le voulions ou non, la déforestation a des répercussions sur la nature des sols sur lesquels nous vivons, ainsi que sur notre climat.

En effet, les arbres et les forêts jouent un rôle primordial dans le cycle de vie, surtout dans le cycle d’eau et, par la suite, dans la stabilité des sols. D’une part, en réduisant le ruissellement de l’eau sur les sols, les arbres lui permettent de s’infiltrer dans la terre; ils maintiennent donc le sol humide. C’est une bonne chose, non seulement pour les agriculteurs, mais pour tout le monde, parce que, sans végétation, l’eau se répand sur la surface du sol sans être retenue; les conditions propices à l’érosion.

Plusieurs facteurs, non-contrôlables et contrôlables, se fusionnent pour déstabiliser le sol et sont les causes d’érosion, y compris l’appauvrissement du sol en matières organiques, la dégradation de la structure et le compactage du sol, et un mauvais drainage interne qui en accélèrent l'érosion. La vitesse du vent, la fréquence et la durée des épisodes venteux ont un effet direct sur l’ampleur de l’érosion du sol, ainsi que le taux d’humidité qui contribue à l’affaiblissement de la surface des sols excessivement drainés ou expose les sols à des périodes de sécheresse prolongées.

À certains endroits, l’absence de couvert permanent de végétation donne vraiment prise à l’érosion éolienne, ce qui compromet la qualité de sol. La nudité peut être dangereuse. Sans les arbres, les sols ne sont plus maintenus et ne résistent plus à l’érosion; la terre est emportée et les roches sont mises à nu. Les sols nus, secs et exposés sont les plus vulnérables au monde. Le vent peut soulever les particules de sol haut dans les airs et les transporter sur de courtes distances ou déloge davantage les éléments du sol et les transporte sur de grandes distances. Souvenons-nous des images des Prairies canadiennes, dans les années 1930.

Ce sont tous des facteurs non contrôlables. Mais l’érosion, combinée au travail du sol, à la répartition du sol par la machinerie et au déboisement des terrains, est un déplacement plus progressif vers le bas des pentes. Ce mouvement est également dangereux. Il s’ensuit des pertes considérables dans le haut des pentes et des accumulations dans le bas des pentes. Ce sont les éléments clés, qui entrent en jeu dans l’érosion et sont tout à fait contrôlables.

 

Géographie 101

 

Notre géographie est l’une des plus belles caractéristiques de notre municipalité, mais représente aussi une arme à deux tranchants. Bienvenue dans les Collines de l’Outaouais. Plus la pente du terrain est raide, plus cette pente est longue, plus les risques d’érosion sont grands. Le débit d’eau étant alors plus rapide, le transport des sédiments augmente. L’érosion fait donc progressivement son œuvre sur les berges de nos rivières.

L’efficacité d’un couvert végétal pour réduire l’érosion dépend aussi de la protection qu’il offre à différentes périodes de l’année, en fonction de l’importance des précipitations érosives reçues au cours de ces périodes. Rouler à tombeau ouvert Sur les terrains en pente, il peut se produire des éboulements et des glissements de terrain. Le risque d’érosion augmente, si le sol n’est pas suffisamment protégé par le couvert végétal, y compris les beaux arbres, qui poussent en abondance chez nous et qui favorisent la stabilisation du sol grâce à leur système complexe de racines. De plus, la végétation protège le sol de l’impact des gouttes de pluie et des éclaboussures d’eau, réduit la vitesse d’écoulement de l’eau créée par la gravité et favorise l’infiltration de l’eau dans le sol.

Demandez à n’importe quel expert et la réponse sera le même : La meilleure façon de combattre l’érosion est de miser à la fois sur un couvert végétal, comme les forêts et pâturages permanents qui couvrent complètement le sol et interceptent les gouttes de pluie à la surface du sol et près de celui-ci. C’est indéniable. Plan d’action Les optimistes parmi nous croient qu’une approche plus globale et à long terme serait souhaitable. Ainsi, nous songeons à réunir les municipalités, les ministères et les experts concernés, afin d’élaborer des solutions permettant de mieux gérer la problématique.

L’adoption de diverses mesures de conservation des sols, permettant de mener une lutte contre l’érosion causée par l’eau, le vent et le travail du sol, presse. Tous les paliers de gouvernement, y compris la Municipalité de Cantley, doivent investir dans les solutions. Après la débâcle de Walkerton, en Ontario, les jours où « le cousin de l’oncle pognait une jobine » dans les équipes de travaux publics sont fi nis. Un bon point de départ sera l’augmentation des ressources humaines consacrées à la gestion des sols. Un cadre robuste et des gens qui possèdent l’expertise et les compétences requises nous permettront d’être plus en mesure de mener une bataille contre les éléments féroces et de freiner le gros de l’érosion.

Ce volet devrait être accompagné de lois et règlements clairs, précis et rigoureux, comme un moratoire sur le déboisement et des amendes qui font mal. Les petites tapes sur la main des développeurs et agriculteurs qui ne respectent pas les normes à coup de centaines de dollars sont inefficaces et largement symboliques. On voit les résultats de cette méthode d’intervention banale. La ligne de départ est glissante, mais avec un peu d’effort, nous parviendrons à nous ancrer les pieds et à prendre notre erre d’aller.

 

classé sous : Non classé