Excuses, désolés !

Gustaaf Shoovaerts, L’Écho de Cantley, Cantley, août 2014

Depuis quelque temps, une situation me désole, m’agace même, pour ne pas dire pire encore. En enlevant mes pneus d’été, le préposé m’annonce qu’ils sont encore en bon état pour une autre saison. Ils sont entreposés dans un lieu sûr de l’entreprise. Le moment est venu au printemps d’installer lesdits pneus, on m’informe que ces pneus d’été sont finis. Les excuses et les désolés abondent… Mon budget en reçoit un coup! Quant à l’équilibrage, je ne dois pas m’inquiéter, on va m’appeler au mois de juillet.

Cet appel n’est jamais venu. L’employé, qui a promis ce coup de téléphone, ne travaille plus à cet endroit. « Désolés, nos excuses! ». Dernièrement, une passagère occasionnelle m’informe qu’il y a un bruit suspect à droite dans les tournants. À l’inspection, on constate un problème au système d’échappement. On m’informe que l’on doit commander la pièce. On fixe un rendez-vous. Je me rends le jour et à l’heure convenus pour me faire dire que la pièce n’est pas arrivée. « Nous sommes désolés, nos excuses! ». Le commis me propose de m’avertir à l’arrivée de la pièce. Quelques jours passent. Pas d’appel. Je décide de m’informer. Coïncidence! « La pièce a été livrée ce matin. »

Les « désolés » et les excuses fusent facilement. Il est aussi évident que, souvent, de simples excuses verbales suffisent. Mais, est-ce toujours le cas? Je suis d’avis que parfois il faut aller au-delà des paroles et indemniser les gens pour le tort causé. Je ne suis pas tout seul à le penser. Je cite deux textes du journal Le Devoir. À l’occasion de la sortie du film sur la vie de la cycliste Genevève Jeanson, sa rivale, Lyne Bessette, l’exprime crûment: « Ce qui me fait chier est pourtant simple : on prend de la drogue, on gagne, ensuite on s’excuse et on continue de faire les manchettes sans pourtant n’avoir rien remboursé de ce qu’on a volé. » (Le mercredi, 11 juin 2014, p.1)

Michel David commente une proposition de M. Côté à la Commission Charbonneau : « Pas question d’excuser ceux qui ont violé la loi en plaidant un problème de société. » (Le vendredi 13 juin 2014, p. B 3)

On peut faire une analogie. C’est bien beau le pardon, mais cela ne veut pas dire qu’il faut oublier et supprimer les dommages causés et nier la réparation. Les « désolés » et les excuses ne règlent pas tout.

 

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