Le dérapage de l’affichage

Geneviève Gélinas, GRAFFICI, Gaspésie, étét 2014

« Une des pires catastrophes du paysage gaspésien » : c’est ainsi que la mairesse de Sainte-Anne-des-Monts décrit les panneaux réclames qui parsèment les abords de la 132 pour annoncer les commerces à l’avance. Les Annemontois s’apprêtent à légiférer sur ces affiches tandis qu’à Gaspé, c’est déjà fait.

Au plus tard en 2015, la mairesse Micheline Pelletier souhaite que ces panneaux soient bannis dans le périmètre urbanisé de Sainte-Anne-des-Monts, et partout dans la municipalité du côté de la mer. La Ville concocte une entente avec Transports Québec, qui a son mot à dire sur les bords de routes.

Gaspé a déjà légiféré sur ce type de panneaux; les effets pourraient se faire sentir dans les prochaines années. « Souvent, les plus belles percées visuelles sont occupées par des panneaux-réclames, remarque le directeur de l’urbanisme, Jocelyn Villeneuve. On ne veut pas nécessairement tous les interdire, mais essayer de trouver des alternatives, explique-t-il. On pourrait les regrouper dans des endroits communs, avec des enseignes plus esthétiques. »

Mais à Gaspé, l’affiche qui fait le plus jaser est celle du restaurant McDonald’s. La Ville et ses partenaires investissent actuellement 17 millions pour reconstituer l’ancien centre historique de la ville, au bord de l’eau. À quelques mètres de ce site baptisé « Berceau du Canada », la colossale enseigne en forme de M est difficile à manquer. Ses jours sont toutefois comptés. « La Loi sur l’urbanisme ne permet pas d’enlever des droits acquis, sauf pour l’affichage », explique M. Villeneuve. Les enseignes au néon ou disproportionnées ne sont plus acceptées entre la rue de la Reine et Berceau du Canada. « Récemment, les gens concernés ont reçu des avis pour les avertir et leur demander de venir s’asseoir avec nous pour discuter », indique le directeur de l’urbanisme.

La réglementation n’est pas le seul outil qui donne des résultats. L’émulation d’un commerçant face à ses voisins joue un rôle. Carleton-sur-Mer applique un règlement peu restrictif sur l’affichage, qui définit la superficie maximale des panneaux et une distance raisonnable des limites du terrain. Pourtant, plusieurs remarquent que l’affichage au centre-ville s’est amélioré. « Il y a eu un programme Rues principales pour aider les commerces à améliorer leurs façades il y a quelques années, rappelle le responsable de l’urbanisme, Samuel Landry. C’est davantage les façades qui en ont bénéficié, mais l’affichage va avec. C’était la volonté des gens du coin. »

 

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