Pleins feux sur l’agriculture à l’île d’Orléans

Normand Gagnon, Autour de l’île, île d’Orléans, juin 2014

Nous poursuivons dans ce numéro d’Autour de l’île le deuxième volet de la série «Pleins feux sur l’agriculture» en dressant un profil statistique de l’agriculture à l’île d’Orléans. L’intention est double: constater ce qui se fait maintenant dans ce secteur d’activité, mais également tenter de déceler les tendances de la dernière décennie. Nous espérons ainsi contribuer à mieux informer nos lecteurs et lectrices, particulièrement dans le contexte où la MRC travaille actuellement au renouvellement du schéma d’aménagement et à l’élaboration d’un Plan de développement de la zone agricole, deux dossiers sur lesquels des consultations doivent être menées.

 

Une agriculture en mouvement

 

Depuis quelques décennies, l'agriculture a bien changé, à l'île comme ailleurs. Même si on a su, ici, conserver de multiples empreintes et témoins des siècles précédents, certains éléments de paysage témoignent aujourd'hui de ce passage vers une agriculture industrielle utilisatrice de méthodes modernes. N'a-t-on pas vu ces dernières années d'anciens bâtiments de ferme être remplacés par de nouvelles constructions d'allure industrielle, la production de petits fruits sur paillis de plastique ou sous tunnel, l'apparition de ces ballots d'ensilage ressemblant à de grosses aspirines, etc. Mais au-delà de ces perceptions visuelles, d'autres transformations profondes se sont opérées et continuent de modifier le métier d'agriculteur. Les pratiques se sont professionnalisées comme en témoigne le nombre croissant d'agriculteurs et d'agricultrices ayant reçu de la formation dans leur domaine d'activité; les nouvelles exigences environnementales et sanitaires ont modifié les façons de cultiver, d'entretenir la terre et de transformer ses produits; les «lois (prix) du marché» dictent de plus en plus les choix de production, céréales et grains notamment. Comment ce nouvel environnement se manifeste-t-il dans les différents aspects de l'agriculture à l'île? C'est ce que nous tentons d'illustrer dans ce qui suit.

 

De l’importance de l’agriculture à l’île

 

En dépit d'une décroissance d'environ 7 % du nombre d'exploitations agricoles sur notre territoire par rapport à 1998 et d'une diminution concomitante, mais légère du nombre de producteurs, les quelques 180 fermes actuelles ont, tout compte fait, maintenu le nombre d'hectares (ha) cultivés (hausse de moins de 1 % depuis 2004). Et c'est Saint-Jean qui accapare la plus grande proportion (33 %) de la superficie cultivée de la MRC qui est de 8 247 ha. À l'île, on s'y attendait, la portion du territoire consacrée à la culture (62%) est la plus importante comparée à celles des autres MRC de la Rive-Nord, y inclus Charlevoix. Cette activité agricole générait, en 2010, des revenus annuels de 46,5 M $, une hausse de 28 % par rapport à 2004, et elle reposait sur un capital dépassant les 100 M $ii.

 

Productions végétales

 

Les productions fruitières (1er rang) et maraîchères (2e rang), déclarées comme première source de revenus, sont largement dominantes à l'île. En 2010, elles représentaient 58 % de toutes les fermes de l'île.

Sainte-Famille domine largement en production végétale (comme première source de revenus) avec 34 % des fermes de la MRC s'y consacrant, suivie par Saint-Laurent, avec 19 %. Si, dans cette catégorie, le nombre global de fermes a été relativement stable entre 2004 et 2010, on observe toutefois une diminution de 15 fermes en production maraîchère en partie compensée par une augmentation de celles produisant des fruits (+3 fermes), des céréales (+4 fermes) et des fourrages (+3 fermes); les acériculteurs ont vu, quant à eux, leur nombre passer de deux à cinq durant cette même période. Voir le tableau 1.

Pour obtenir un portrait plus fidèle des productions végétales, ces données doivent être complémentées, car un nombre très important de fermes produisent fruits, légumes, céréales et produits de l'érable sans pour autant que cette pratique leur apporte leur revenu principal. Par exemple, 87 exploitations de production végétale cultivent des fruits alors que pour 57 d'entre elles seulement, il s'agit d'une première source de revenus; de même, 43 fermes tirent leur revenu principal des légumes tandis qu'en fait 66 s'adonnent à cette culture. La polyculture est donc une pratique courante à l'île.

Complétons cette description en ajoutant que les productions végétales, légumes et fruits surtout, contribuent pour une large part (78 % en 2010) aux revenus des fermes de l'île. Cette proportion est sensiblement plus élevée que celle des autres municipalités de la CMQ (sans Lévis) et constitue un des signes distinctifs de l'agriculture telle que pratiquée sur notre territoire.

 

Productions animales

 

Si l'on constate aujourd'hui une diminution importante du nombre de fermes en production animale depuis 2004, principalement dans le secteur laitier où l'on observe une perte de 12 exploitations, on observe toutefois une augmentation des fermes se consacrant à l'élevage des bovins de boucherie (+ 1 ferme), des ovins (+ 3 fermes) et des chevaux (+ 1 ferme). Ces faibles augmentations n'ont évidemment pas compensé les pertes qui, exprimées en termes d'unités animales, s'élèvent à 25 %, ce qui est considérable. Voir le tableau 2.

 

Producteurs et productrices

 

Des 265 producteurs que comptait l'île en 2011, 72 % étaient des hommes, 28 % des femmes, cette proportion de femmes étant légèrement supérieure à celles de la CMQ et du Québec. L'âge moyen des producteurs est de 52 ans, comparable à celui observé dans la région. L'île ne se distingue pas vraiment au niveau de la démographie agricole si ce n'est d'une proportion légèrement plus élevée des jeunes de la relève. Fait intéressant, 58 % des fermes sont dirigées par plus d'un producteur, ce qui est conforme au modèle des fermes familiales. 59 % des fermiers travaillent plus de 40 heures par semaine; ce pourcentage est significativement supérieur à ce que l'on observe dans la région et au Québec, ce qui ne surprend pas quand on considère le revenu moyen plus élevé des exploitations de l'île: 268 779 $ par rapport à 249 992 $ à la CMQ, en 2010. Il n'en demeure pas moins que la plus forte proportion des revenus se situe dans la classe des petites fermes ayant un revenu compris entre 5 000 $ et 50 000 $. La suite dans l'édition de juillet du journal.

Les données statistiques proviennent du MAPAQ (fermes déclarées), de la Commission de protection du territoire agricole, de l'UPA. Elles sont fournies dans la plupart des cas jusqu'en 2010, 2011 ou 2012, ce qui fait que le portrait dressé demeure indicatif; toutefois, il a le mérite de montrer des tendances. Les lecteurs soucieux d'obtenir davantage de données pourront consulter en ligne le document Plan de développement de la zone agricole (PDZA) de la MRC de l'île d'Orléans / Portrait et diagnostic agricole/ Document sommaire (avril 2014), consultable en ligne à l'adresse http://mrc.iledorleans.com/stock/fra/portrait-et-diagnostic-agricole.pdf Montant estimé à partir d'une évaluation de l'UPA dans son mémoire présenté dans le cadre de la consultation sur l'Énoncé de vision stratégique de la CMQ.

 

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