Coutumes et traditions agraires du printemps

Louise Hélène Audet, L’Alliance, Preissac, mai 2014

Au Québec, le printemps est une période de transition entre le froid et la chaleur. « En avril ne te découvre pas d’un fil », dit le proverbe. Toutefois, la vie à l’extérieur reprend assez rapidement dans le monde agricole puisque c’est le moment d’une renaissance végétale. Les activités abondent : fertilisation du sol, labourage, semailles et potager.

Dans la première partie du 20e siècle, l’agriculture au Québec demeure largement une économie familiale de subsistance. Chaque famille récole ses céréales et ses légumes et fait l’élevage d’animaux et de volailles principalement pour se nourrir. Parfois, elle possède quelques moutons pour la laine qui permet de confectionner des étoffes et des tricots. On vend les surplus dans les villages alentour. Avant d’ensemencer la terre, le cultivateur doit la nettoyer étant donné que les gels et dégels font parfois remonter des pierres et des racines à la surface. Par la suite, les hommes épandent du fumier, si la terre a été profondément labourée à l’automne, il suffit alors de herser avant de semer les grains. Fin avril et début mai, c’est le temps des semailles, même si on doit encore craindre les gelées tardives.

Traditionnellement, les bœufs tirent la charrue, mais peu à peu, ceux-ci sont remplacés par les chevaux. Au Québec, on sème peu de blé surtout en raison du climat plutôt rude; par contre, on cultive beaucoup d’avoine, d’orge, de seigle, de sarrasin. La culture de la pomme de terre est aussi très importante dans les familles. Pour « planter les patates », tout le monde est réquisitionné et participe activement. Il faut d’abord enfouir dans de profonds sillons soit un tubercule entier, soit un morceau avec un germe et à l’aide d’un râteau ramener la terre sur les plants.

Le printemps, c’est aussi le temps de l’année pour le déménagement des vaches aux pâturages. Avant, il faut donc prendre le temps de bien vérifier l’état des clôtures, souvent endommagées par les abondantes chutes de neige, pour éviter que les bêtes s’échappent et causent des dommages dans les champs des voisins. Les premiers jours de sortie de l’étable, les animaux ne s’éloignent pas trop de la ferme en raison des nuits encore fraîches. Les enfants ont la responsabilité de les conduire aux champs le matin et de les ramener le soir à l’étable à l’heure de la traite.

Le troupeau étant dehors, le cultivateur en profite pour désinfecter ses bâtiments d’élevage en appliquant une solution de chaux, après avoir nettoyé toutes les surfaces avec de l’eau et une brosse, cette technique permet d’assainir les murs des étables en tuant toute forme de vie organique. Le chaulage est aussi fréquemment utilisé sur les murs extérieurs des granges et des autres dépendances de la ferme pour protéger le bois et donner à l’ensemble un aspect plus propre et accueillant.

Ce type d’exploitation agricole en vigueur au Québec, pendant une assez longue période suppose un mode de vie et des rapports humains qui ont forgé les mentalités de nos ancêtres et qui nous ont été transmis dans notre héritage. Dans le bon vieux temps, ça se passait de même. On est loin de ce que l’on appelle maintenant l’industrie agroalimentaire.

 

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