La région compte 90 % des médecins souhaités

Geneviève Gélinas, GRAFFICI, Gaspésie, juin 2014

La région compte près de 90 % des médecins de famille dont elle a besoin, au point où la pénurie est chose du passé. Ces chiffres encourageants cachent toutefois un taux de roulement élevé. Claudia Plourde pratique comme médecin de famille depuis dix ans à Gaspé et occupe le poste de directrice des services professionnels et des affaires médicales au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de la Côte-de-Gaspé. Elle est née dans le bâtiment où elle travaille, à l’Hôtel-Dieu. « Ç’a toujours été clair pendant ma formation : je voulais revenir pratiquer chez nous, dit la Dre Plourde. On a une qualité de pratique exceptionnelle, stimulante, et on sent qu’on peut vraiment rendre service aux gens. »

« Dans les années 90, on était entre 45 % et 50 % de nos plans d’effectifs. Les jeunes médecins craignaient d’être débordés par la tâche, se rappelle la présidente-directrice générale de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Yolaine Galarneau. Aujourd’hui, on comble presque 90 % de notre plan d’effectifs. On ne parle plus de pénurie, mais on fait du recrutement continu. »

En 2013, la région comptait 169 des 187 omnipraticiens visés. Même la Haute-Gaspésie, parent pauvre ces dernières années, atteindra 91 % de ses objectifs avec quatre arrivées d’ici l’été. Quant aux médecins spécialistes, ils seront bientôt 88 sur les 97 souhaités en Gaspésie-les Îles. Les unités de médecine familiale de Gaspé et Maria, sont une « pépinière », estime Mme Galarneau, puisqu’elles forment de futures recrues.

Les liens entre omnipraticiens et spécialistes sont « collégiaux » et la trousse d’incitatifs financiers est bien garnie , croit la PDG. « Et au-delà des mesures financières, ce qui est très« vendeur », c’est la mer, la qualité de vie ici. » Toutefois, les médecins de famille arrivent et partent à un rythme élevé. Le CSSS Côte-de- Gaspé, d’ici l’été, aura 43 des 55 médecins souhaités. Mais depuis cinq ans, il a connu 22 départs et 27 arrivées. « Notre taux de rétention est enviable, estime quand même le Dr Plourde.

Le roulement est plus rapide dans d’autres régions. Et ici, on a une base de médecins qui sont là depuis longtemps. » Les raisons des départs sont le plus souvent personnelles : un médecin célibataire qui ne trouve pas l’âme soeur, la carrière du conjoint qui plafonne ou le désir de se rapprocher de sa famille ou de ses enfants partis pour l’université. Au CSSS du Rocher-Percé, on a recruté 21 médecins et on en a vu partir 13 en cinq ans, calcule Jean-St-Pierre, directeur des services hospitaliers et adjoint aux services professionnels. « On souhaiterait qu’il y ait moins de roulement, mais la rétention est un défi pour l’ensemble des CSSS de la région. »

L’Agence a d’ailleurs commandé une étude sur la rétention des médecins en 2013. On y recommande de faire valoir la pratique « diversifiée, autonome et plus humaine » en région, d’instaurer du mentorat pour les nouveaux médecins et de faciliter la recherche d’emploi du conjoint.

 

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