Éva Trépanier Auclair, en chemin vers ses 100 ans

Nicole Bédard, Autour de l’ile, l’île d’Orléans, mai 2014

Elle est née à Saint-Raymond-de-Portneuf, le 26 avril 1915. Avec ses amies de l’île, elle vient de fêter ses 99 ans. Éva Trépanier Auclair fait partie de ces femmes d’exception qui, dans l’ombre, ont su se battre pour avancer sur le chemin de la vie en affrontant bien des épreuves.

Orpheline de mère à l’âge d’un an, Éva a été élevée par son grand-père. Devenue jeune fille, elle s’est engagée comme servante dans des résidences de la région de Québec, dont celle de Loretteville où un charmant livreur de pain a fait battre son cœur si fort qu’elle l’a épousé. Elle a eu une fausse couche avant de donner naissance à son premier enfant qui est mort d’une méningite à l’âge d’un an. Ensuite, son deuxième fils est né. Mais sa vie a basculé, car son époux est décédé six mois plus tard d’un accident de travail, alors qu’il en était à sa première journée d’emploi au Canadien National. Son mariage n’aura duré que trois ans et elle est devenue veuve à l’âge de 27 ans avec un jeune bébé à nourrir.

Il va sans dire qu’elle a dû se retrousser les manches et s’armer de courage, car il n’y avait pas de pension pour les veuves, à cette époque. Tout en prenant soin de son fils, elle a travaillé à la maison pour la compagnie française Perrin Gloves, de Loretteville, cousant à la main des gants de cuir. Par la suite, lorsque son fils a pris le chemin de l’école, elle est allée travailler à cette manufacture de gants, tout en s’adonnant à la couture et la réparation de vêtements chez elle, le soir. Puis, elle a travaillé, toujours le soir, au comptoir-lunch du centre paroissial de Loretteville. Ses économies ont servi à élever son enfant, à lui payer ses études jusqu’à l’Université Laval où il est devenu professeur. C’est alors qu’elle a eu le sentiment du devoir accompli.

Au seuil de ses 100 ans, elle nous confie un secret : «Dans la vie, il ne faut pas faire de folies et faire les bons choix.» Elle est heureuse d’avoir pu réussir sa vie et celle de son fils René Auclair qui, à son tour, a su partager avec elle ce qu’il a reçu. Il a fait construire une maison bigénérationnelle, à Saint-Pierre, qu’elle a habitée pendant quelques années. Ce fut pour elle une retraite bien méritée qu’elle poursuit maintenant à la Résidence Sainte-Famille.

Elle ne connaît pas l’ennui, car elle continue de s’intéresser à la lecture, de suivre l’actualité et d’accueillir la visite. Sa démarche si droite, malgré son âge, est un reflet de sa droiture intérieure. Son sourire est le miroir de l’amour qu’elle sait donner et de la vie qu’elle apprécie.

 

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