Alain Desmarais: le cœur au poing

Valérie Lépine, Le Journal des citoyens, Prévost, le 15 mai 2014

«Activiste social », voilà comment se définit Alain Desmarais. Cet homme allergique à «l’imbécillité humaine » tente depuis son arrivée à Prévost, il y a 25 ans, d’améliorer la qualité de vie de sa communauté et de lutter contre les injustices sociales.

Malgré le bruit ambiant et le va-et-vient constant des clients du café dans lequel s’est déroulée l’entrevue, Alain Desmarais a facilement accepté de se dévoiler et de partager sa vision de la vie. Ce qui transparaît d’emblée durant la conversation, c’est qu’il a réussi à sublimer des expériences de vie difficiles en un désir toujours présent de devenir meilleur. Son leitmotiv : « Je veux mourir heureux, avec un sourire, pas trop niaiseux et je veux laisser quelque chose de bien. »

 

Des qualités de dirigeant

 

Natif de Montréal, Alain Desmarais déménage à Prévost, entre autres, par besoin de tranquillité. Peu de temps après son arrivée, il fonde avec d’autres citoyens une maison des jeunes dans une ancienne école anglaise de la rue Shaw. Très vite, on reconnaît ses qualités de mobilisateur et on lui propose la direction de l’établissement. C’est sa première expérience à la tête d’une équipe et sa première implication au niveau social. En disant cela, il réalise cependant que cette fibre sociale l’habitait déjà auparavant. Lorsqu’il travaillait comme ouvrier dans la manufacture de chaussures dirigée par son père, il avait fait partie du syndicat, créé une garderie et un guide alimentaire pour les employés.

C’est, entre autres, son expérience à la maison des jeunes qui l’a mené à son emploi actuel. M. Desmarais est directeur général de Mesures Alternatives des Vallées du Nord (MAVN), un organisme communautaire qui aide les gens de tous horizons à résoudre des conflits relationnels. Il occupe cet emploi depuis maintenant 23 ans. Il est fier de dire que MAVN a été en nomination cette année dans la catégorie Employeur de choix au gala des Zénith de la Chambre de commerce et de l’industrie de Saint-Jérôme. Sa grande force comme dirigeant ? « Ça ne me dérange pas de ne pas tout savoir. Quand je ne sais pas, je m’entoure de gens qui savent. »

Sachant très bien que des désaccords peuvent entraîner de graves affrontements s’ils ne sont pas résolus, Alain Desmarais s’implique depuis quelques années dans la conciliation des conflits qui persistent dans son quartier. Il s’est ainsi joint à l’Association des citoyens du lac René, association dont il occupe la présidence depuis sept ans.

 

Résilience

 

Alain Desmarais avoue qu’il n’a pas eu une enfance facile. Famille dysfonctionnelle, difficultés scolaires importantes : bien des éléments étaient réunis pour faire échec à son bonheur. Mais il dit avoir été très chanceux puisqu’il a rencontré des gens qui lui ont cru en lui. Comme la mère d’une de ses copines qui l’a poussé à faire des études en art parce qu’elle avait remarqué son talent.

Alain Desmarais n’a pas que des intérêts communautaires. Il est habité par une passion de l’art sous toutes ses formes. Il a longtemps fait de la figuration à l’Opéra de Montréal et dans des commerciaux. Il a touché à la sculpture, à la danse, au jazz, au théâtre. En 1991, il entreprend un certificat en art à l’Université de Montréal. De son propre aveu, c’est ce cours qui lui a donné confiance en ses capacités, grâce, entre autres, à un de ses professeurs qui l’a encouragé à développer son côté artistique fougueux et particulier. M. Desmarais continue encore aujourd’hui d’écrire de la poésie et de faire de la « récupération artistique ».

 

Rire ou pleurer ?

 

S’entretenir avec Alain Desmarais, c’est échanger avec un homme réfléchi, mais c’est aussi profiter de son humour pince-sans-rire. Il faut s’attendre à rire plusieurs fois quand on est en sa compagnie. Questionné à ce sujet, M. Desmarais dit que l’humour lui a sauvé la vie dans sa jeunesse. L’humour est aussi parfois pour lui une façon d’exprimer sa tristesse sans que ça paraisse. Les apparences peuvent être parfois trompeuses : cet homme d’une cinquantaine d’années calme et avenant, au vif sens de l’humour, est aussi un homme inquiet. Il est inquiet de la culture de corruption qui s’est installée dans notre société, du manque de respect que l’on porte aux personnes âgées, des iniquités dans la répartition de la richesse. Mais cette inquiétude et la colère sous-jacente ne l’empêchent pas d’agir, au contraire. Il continue quotidiennement de lutter contre la pire guerre : celle du « génocide des valeurs humaines ».

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