Ferme Charlait, une famille agricole de Saint-Clément

Marc-André Lévesque, L’Horizon, MRC des Basques, avril 2014

Joëlle Malenfant et Charles Tremblay sont actionnaires d’une entreprise agricole, une ferme laitière. Ils ont respectivement 37 et 39 ans et sont parents de quatre enfants : Samuel, 15 ans ; Angélique, 11 ans ; Sarah-Ève, 8 12 ans et Abygaëlle, 2 ans.

Tout ce beau monde vit à Saint-Clément, une municipalité qui compte près d’une dizaine de producteurs laitiers. La Ferme Charlait possède pour sa part 400 acres avec 45 vaches de race Holstein. Cette famille agricole a une histoire à raconter, leur histoire, pas toujours facile mais qui comporte des avantages qui les motivent quotidiennement.

Charles est revenu dans la région au début des années 2000 après l’avoir quittée il y a quelques années. Il a été mécanicien à Québec pendant sept ans et Joëlle, avec une formation en bureautique, a travaillé au bureau de Paul Crète du Bloc Québécois avant d’entreprendre les étapes de rachat de la ferme du père de Charles, Jeannot Tremblay. Ce processus s’est fait en 2006.

Malgré leurs expériences, leur connaissance du secteur, cela ne les empêchera pas de mentionner : « Nous nous sommes lancés là-dedans avec un peu de naïveté et la tête pleine de projets ». Mais cette naïveté n’était pas seule au rendez-vous, il y avait aussi une passion et un désir profond de réussir.

 

Quelques pépins

 

« La rentabilité d’une ferme dépend de plusieurs facteurs dont les conditions climatiques et une gestion plus serrée », précise Charles. Alors qu’ils avaient réussi à doubler la production laitière, que tout semblait bien se présenter pour l’avenir, en 2007, forcés de modifier l’installation électrique à la ferme, une erreur d’installation a eu des conséquences sur la production de lait. Une surcharge électrique a généré des tensions parasitaires auxquelles les vaches sont particulièrement fragiles. Ils ont alors été obligés de trouver la cause, les frais se sont accumulés avant de la trouver et les revenus ont chuté.

Obligés de revisiter l’ensemble des dépenses, c’est là que le virage vers la production biologique s’est présentée pour eux comme une alternative : « Les revenus sont meilleurs, le coût de l’alimentation est moins élevé et c’est un plus pour l’environnement ».

Malgré une certaine concurrence dans le secteur de la production de lait biologique, cette réalité ne représente pas une contrainte pour eux, de plus de nouveaux quotas ne sont pas disponibles. (Selon la Fédération de l’agriculture biologique du Québec, depuis 2002, le nombre de producteurs laitiers biologiques pour tout le Bas-Saint-Laurent est passé de 13 à 31). Les imprévus climatiques de 2013 ont affecté l’ensemble des producteurs laitiers. Un hiver froid et sans neige ayant détruit 80 % des prairies, suivi d’un été sec, ont nécessité des dépenses supplémentaires imprévues : « Dans notre situation, la marge d’erreur est mince », reconnaissent d’emblée Joëlle et Charles. Il leur faut donc diversifier les sources de revenus. Charles a des contrats de déneigement, il bûche du bois pour le sciage et garde des génisses à forfait pour un autre producteur.

 

Une profession de foi

 

Malgré les difficultés, Joëlle et Charles sont très conscients du privilège d’être agriculteur. Pour Joëlle : « Nous pouvons voir nos enfants s’amuser sur un terrain de jeu de 400 acres et le rythme de vie, parfois un peu fou, nous permet quand même de concilier travail et famille ». Pour Charles : « Je suis mon propre patron, je peux prendre du temps en famille, j’organise mon horaire et j’aime travailler dehors ».

Malgré les difficultés auxquelles il faut faire face, sur la balance des avantages et des inconvénients, les premiers sont beaucoup plus nombreux. Et il y a le rêve des enfants qui les poussent à se dépasser. Il y celui de Sarah-Anne qui aime se lever aux mêmes heures que son père et qui, à son jeune âge, pense déjà à reprendre la ferme. « Ça aide à aller jusqu’au bout de nos projets », dira Joëlle. Faut-il ajouter, que ça les aide aussi à croire à ce qu’ils font, à la réussite.

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