Multiplication des studios d’enregistrement

Nelson Sergerie, GRAFFICI, Gaspésie, mai 2014

Il y a dix ans, il fallait quitter la Gaspésie pour enregistrer un disque. Aujourd’hui, quatre studios offrent ce service. GRAFFICI a constaté que les propriétaires doivent cependant user de créativité afin de rentabiliser leur investissement. Le studio Tracadièche de Carleton-sur-Mer, ouvert depuis à peine un an, est celui qui semble le mieux tirer son épingle du jeu, grâce à la diversité de son offre de services. « Ça va bien. On est quand même une entreprise en démarrage. C’est un long shot. On doit aller de l’avant et vendre nos services », indique d’entrée de jeu le président, Jean Guénette, qui souligne que le studio réussit à faire ses frais.

Il mise sur des équipements à la fine pointe de la technologie et une acoustique créée pour la musique. Il est aussi possible de tourner des vidéoclips en studio lors des sessions d’enregistrement. « On termine le mixage sonore d’un troisième film. On commence les productions de disques et d’autres montages sonores de films arrivent cet automne », dit M. Guénette, qui est aussi producteur de films documentaires via la maison de production Gaspa. « On a déjà nos salles de montage d’images et on voulait concentrer et développer en région des activités sonores. C’est ce qu’on fait. On a construit selon des besoins très précis. », explique-t-il.

 

Vivre de son art en région

 

Même s’il admet « qu’il ne deviendra pas riche » avec son studio, Simon Poirier du studio de la Vieille usine de L’Anse-à-Beaufils est satisfait du travail réalisé depuis sept ans. « Ça va super bien. Le studio nous occupe à temps plein. On a différents projets, notamment [l’album de l’artiste] Gaëtan Essiambre. On est dans différents projets de musique pour des capsules vidéo. On fait autant du corporatif que de la réalisation d’albums », indique M. Poirier.

Lui et son complice, Martin Hogan, n’avaient qu’un seul objectif : « Le studio nous permet de rester en Gaspésie à l’année. C’est dur d’être riche avec un studio en Gaspésie. Il y a de plus en plus de concurrence. On travaille fort, mais on fait surtout ce qu’on aime », illustre M. Poirier.

 

Une retraite active

 

L’auteur, compositeur et interprète Manuel Brault est revenu s’établir à Grande- Vallée après avoir pris sa « retraite » en 2009. Il souligne qu’il ne fait pas nécessairement la promotion de son studio. « Je n’ai pas besoin de le vendre. Quand j’ai un client intéressant, ça m’intéresse.

Je n’ai pas besoin de clients », souligne Manuel Brault qui estime avoir réalisé cinq albums dans son studio. « À Montréal, avec trois CD par année, tu en as assez pour vivre. Ici, il faudrait en faire un moyen paquet parce que les prix ne sont pas les mêmes. Tu ne peux pas demander 15 000 ou 25 000 $ pour faire un album ici. Quand tu as compté 5 000 $… », estime M. Brault.

Il avoue que sans les droits d’auteurs tirés de ses compositions ou de ses interprétations, il ne pourrait vivre de cette façon. Le quatrième studio gaspésien, L’usine à son, est situé à Escuminac. Graffici n’a pu joindre le propriétaire pour le présent article puisqu’il était à l’extérieur du pays au moment d’écrire ces lignes. Les trois dirigeants des studios interrogés par GRAFFICI mentionnent que les nouvelles technologies leur permettent de réaliser ce qui n’aurait pas été possible autrement. Par exemple, ils peuvent se servir de matériel produit ailleurs pour compléter les montages musicaux à même leurs installations gaspésiennes.

 

classé sous : Non classé