La menace qui pèse sur nos frênes

Jean-Pierre Fabien, Le Sentier, Saint-Hippolyte, avril 2014

J’étais à écouter une pédagogue dans une bibliothèque d’école secondaire. C’était à Brossard, à la fin de mars. Par les grandes fenêtres, on pouvait apercevoir des arbres à proximité. L’un d’entre eux était tout juste à côté. C’était un frêne blanc. Grâce à son écorce d’arbre adulte qui comprenait des crêtes assorties de losanges réguliers, j’ai pu le reconnaître. L’une de ses branches était dépourvue d’écorce. C’est là que je me suis mis à penser que cet individu était atteint d’une égénérescence causée par un insecte exotique, l’agrile du frêne.

 

Trois frênes indigènes

 

Au Québec, nous pouvons observer trois espèces indigènes de frênes. Ces arbres se reconnaissent à leurs fleurs qui apparaissent avant les feuilles, à leurs feuilles composées généralement de sept à onze folioles, à leurs fruits ailés nommés samares et à leurs bourgeons terminaux pyramidaux. Ces arbres nobles possèdent un bois dur, mais flexible dont on se sert dans l’industrie. En plus du frêne blanc, arbre des sols profonds et secs, nous comptons aussi sur notre territoire le frêne rouge qui pousse souvent dans les vallées fluviales ou les basses terres. Le frêne noir est le dernier de nos représentants au Québec. Il tolère les sols gorgés d’eau pendant plusieurs semaines. Il s’associe souvent à des conifères et a besoin de beaucoup de lumière pour vivre.

 

Montréal, lieu planté de frênes

 

La ville de Montréal a planté, au cours des dernières décennies, plus de 200 000 frênes sur son territoire. Ces arbres d’ornement sont fort beaux. À l’automne, le feuillage devient bronze. C’est un spectacle à voir dans les rues de la ville. En agissant ainsi, la ville a adopté le principe de la monoculture.

Si une maladie survient, comment l’espèce représentant notre flore pourrait-elle se protéger? Le coupable est un insecte de la famille des buprestidés. Il se nomme l’agrile du frêne Agrilus planipennis et vit en Asie. Les premiers insectes trouvés ici étaient cachés dans de la matière d’emballage en bois. Ils ont été détectés à Windsor, en Ontario, dès 2002. Même si les régions canadiennes sont réglementées par des arrêtés fédéraux qui interdisent tout transport de produits en frêne contaminé, il n’est pas évident de savoir si le bois est affecté par cet insecte foreur. L’adulte aux ailes vert métallique

Cet insecte mesure de 7,5 à 15mm. L’adulte est de couleur vert métallique et fait partie de l’ordre des coléoptères. Même si nos espèces de pics peuvent se nourrir des agriles, ils n’empêcheront pas la menace de sévir. Comme l’Agrile du frêne ne possède pas de prédateurs naturels dans son pays d’adoption, il pourra se reproduire sans contrôle, car la nourriture que lui fournissent les frênes est quasi inépuisable.
 

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