Les baby-boomers du quartier feront-ils les choses différemment?

François Barbe, Journaldesvoisins.com, Montréal, avril 2014

L'arrivée massive des babyboomers à la retraite n'est plus une lointaine perspective. Pour les membres de cette génération, mais aussi pour toute la société québécoise, une nouvelle révolution tranquille commence… Parmi les bouleversements à prévoir, la question du logement en sera une pour laquelle il faudra faire preuve de beaucoup de créativité. Comment les nouveaux (ou futurs) retraités envisagent-ils le mode d'habitation de leurs vieux jours?

On dira ce qu'on voudra sur les baby-boomers (et on en dit beaucoup…), accordons-leur tout de même le mérite de n'avoir rien fait comme les autres. Il ne faudra donc pas s'étonner, au cours des prochaines années, de voir apparaître de nouveaux modes de logement à l'intention de membres de la vague grise.

Selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), la nouvelle cohorte de retraités exigera en effet plus de diversité dans ses services et ses commodités de logement : « Les Canadiens qui prennent actuellement leur retraite sont généralement mieux instruits, plus actifs et en meilleure santé que ceux des générations précédentes de retraités. Les programmes qui les intéressent sont très différents de ceux qui auraient intéressé leurs parents. »

Fini, donc, le monopole de la traditionnelle résidence du 3e âge… Mais quelles sont les alternatives pour nos nouveaux et futurs retraités? Si les formules nouvelles demeurent encore marginales chez nous, dans Ahuntsic- Cartierville, plusieurs tendances commencent néanmoins à se dessiner dans d'autres quartiers de Montréal, ou d’autres endroits où l'on vit des situations démographiques semblables. Certaines sont complètement nouvelles, d'autres sont des concepts existant déjà, mais qui pourraient facilement s'adapter aux besoins spécifiques des retraités.

 

De nouvelles tendances

 

Plus autonomes et plus en forme qu'auparavant, beaucoup de retraités choisissent de conserver leur propriété le plus longtemps possible plutôt que de la vendre pour s'installer dans un appartement ou en résidence. À l'heure actuelle, cette solution peut d'ailleurs se révéler plus rentable que de compter sur le profit d'une vente pour financer sa retraite. En effet, selon plusieurs experts financiers, le prix des maisons serait présentement surévalué au Québec, ce qui pourrait causer des plafonnements ou même des baisses de prix au cours des prochaines années. « Un retraité ne devrait pas trop compter sur cette source de gain, car le rendement espéré pourrait être très faible ou même nul », peut-on lire sur le site des professionnels en services financiers www.conseiller.ca.

Conserver sa propriété plus longtemps demeure donc une option intéressante, mais qui exige d'avoir d'autres sources de revenus à court et moyen terme. Déjà populaire auprès des familles, la formule des coopératives d'habitation pourrait aussi convenir aux besoins des retraités.

Au sein d’une coopérative d'habitation, c’est la coop qui est propriétaire de l'édifice en tant que personne morale, tandis que les résidants sont locataires et membres de l'organisation qui assure l'administration et l'entretien des lieux. Comme l'explique Michel Dutil, trésorier de la coopérative À Tout Hasard (angle Sauvé et Garnier), le fonctionnement exact d'une coopérative d'habitation varie énormément d'un endroit à l'autre. Il s'agit donc d'une formule facilement adaptable à toutes sortes de besoins et de clientèles.

Dans le quartier Ahuntsic, on retrouve une quinzaine de coops membres de la Fédéra on des coopératives d'habitation du Montréal métropolitain, mais il en existe probablement plus qui n'ont aucune affiliation.

 

Solutions accueillantes

 

La résidence Rêvanous, présentement en construction sur la rue Laverdure au sud de la rue Sauvé  est une solution qui permet aux personnes retraitées de rester dans le quartier et d’occuper des logements à prix raisonnables, dans une perspective de mixité.

Cette résidence a d’abord été pensée pour de jeunes adultes ayant une légère déficience intellectuelle ou un handicap physique. Elle leur permettra de se loger à bon prix, dans le quartier. Ce faisant, les responsables du projet ont décidé que la résidence de six étages compterait 79 logements, dont 54 seraient occupés par des personnes de 55 ans et plus.

Un projet, donc, de mixité sociale qui se veut accueillant pour différents types de clientèle. La direction procède depuis quelques semaines à la sélection des résidants retraités, signale Karine Boivin, coordonnatrice de Rêvanous. « Les retraités qui seront choisis devront être ouverts d’esprit », précise-t-elle.

 

Relier les générations

 

Un autre phénomène marginal qui pourrait se révéler intéressant à explorer est celui des habitats intergénérationnels. On connaît déjà ce type de résidence : un ou des grands-parents s'installent dans une annexe ou au deuxième étage d'une résidence où vit la famille d'un de leurs enfants.

Chacune des générations en présence peut alors profiter du soutien mutuel des autres. En France, on a commencé à élargir le concept afin de le sortir du contexte exclusivement familial. La Table de Concertation des Aînés de l'île de Montréal rapportait l'an dernier l'ouverture, à Paris, d'un immeuble « accueillant à la fois des jeunes de moins de 30 ans à la recherche d’un logement dans une ville où l’offre est restreinte et des adultes de plus de 60 ans désireux de convivialité, de présence ou d’un revenu complémentaire au leur pour assurer le loyer ».

 

Villages d’entraide

 

Déjà bien implantée chez nos voisins du sud, une autre formule pourrait aussi séduire nos babyboomers à l'approche de la retraite : celle des villages d'entraide. La Table de Concertation des Aînés de l’île de Montréal cite cette fois le Capitol Hill Village de Washington,  « un concept mis sur pied par des aînés qui voulaient rester à leur domicile et qui nécessitaient toutefois des services de transport, de soins et de travaux ménagers. Ce concept a pris la forme d’un organisme à but non lucratif qui fonctionne sur la base d’une cotisation annuelle. » La formule demande toutefois un certain nombre de ressources. Dans le cas du Capitol Hill Village, plus de 200 bénévoles sont nécessaires pour organiser et réaliser les activités et services offerts aux résidants du village.

 

Mais encore?!

 

Et il y a bien sûr toutes ces nouvelles formules qui commencent àémerger : amis qui se regroupent à l’aube de la retraite; familles élargies qui procèdent à l’achat d’un bâtiment pouvant les accueillir « pour leurs vieux jours »; inconnus qui se choisissent sur la base de critères prédéterminés pour occuper un immeuble… Mais ici, dans le quartier, à moins d’être à l’état d’ébauche et tenu secret… rien ne transpire! Et il existe aussi sûrement d’autres solutions auxquelles personne n'a encore pensé… Élus, urbanistes, spécialistes en aménagement, nos futurs retraités comptent sur votre imagination. À vos crayons!

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