Pola Paradis, Le Lien, Hébertville, avril 2014
C’est par une journée de froid sibérien que j’attaque l’écriture de cette page. Comme toile de fond à tant de froidure persistante et ce, paradoxalement, remonte à ma mémoire, cette ritournelle de nos jeunes années : « Doux printemps, quand reviendras-tu? » « Faire pousser des feuilles (bis) » Première question de cinquante piastres : Aurons-nous encore un printemps comme ce fut jadis le cas? L’hiver a la « couenne dure » comme dirait l’autre – Il y a si longtemps que nous vivons dans un paysage « blanc » – Le « White Christmas » passé, je suis prête pour autre chose : pas vous? Je ne suis pas indifférente aux « épouvantails » qu’utilisent tous les tenants de la théorie du réchauffement climatique : j’ose croire que les phénomènes inhabituels dont on se fait les précurseurs ne sont pas pour demain… ou sont, en exclusivité, le lot des gens qui vivent en bordure des cours d’eau importants…
Mais tous ces scénarios apocalyptiques qui nous sont prédits font – mine de rien – leur petit bonhomme de chemin dans le cerveau des personnes fragiles… Avec cet hiver qui s’entête, ces montagnes de neige qui cachent le vrai visage des résidences, cette glace sournoise qui recouvre partiellement la chaussée, (l’adverbe change dans les « quartiers blancs »…) le printemps dans ses atours dont je rêve est loin d’être à nos portes… d’où l’incongruité de ma « toune » printanière…
Je comprends, malgré tout, la satisfaction tenace des adeptes de l’hiver de voir durer la saison des sports dits de « glisse »… Votre prédilection serait-elle la même si la « blanche saison » durait douze mois par année? Votre engouement ne viendrait-il pas de ce que la pratique de vos sports est cyclique? Êtes-vous tenants de la théorie qui fait que nous avons besoin de vivre QUATRE SAISONS par an pour y trouver notre compte?
Pour tout dire, je suis fille de mon pays : j’ai besoin des quatre saisons habituelles. L’hiver a ses charmes comme chacune des saisons a les siens qui lui sont propres et moi, j’ai hâte au printemps… J’ai mon « quota » d’hiver pour l’heure et je pense honnêtement ne pas être la seule à rêver de verdure, d’oiseaux qui pépient, de sources qui gazouillent, de congères avalées par le soleil, d’arbres qui cachent leur nudité…
Doux printemps, dis-moi : quand reviendras-tu? Tout ce renouveau se fait délivrance pour les prisonniers de l’hiver… à moins que… le réchauffement de la planète signifie… pour les « nordiques » que nous sommes… la persistance de la froide saison donc… la disparition d’un printemps qui bouderait notre invitation… fut-elle chantée…