Patrick Morin et Marie-Ève Lagacé, Le Mouton NOIR, Rimouski, mars 2014
Les impacts des changements climatiques se manifestent plus que jamais et, pourtant, l’industrie des sables bitumineux, considérée comme l’une des plus grandes émettrices de gaz à effet de serre au monde, continue ses activités de plus belle. Le Bas-Saint-Laurent pourrait devenir une des régions clés de l’expansion de cette industrie puisque TransCanada y prévoit la construction d’un oléoduc passant dans le Kamouraska puis le Témiscouata, en plus de traverser la MRC de Rivière-du-Loup pour relier un terminal pétrolier à Gros-Cacouna.
En 2008, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) appelait à une « révolution énergétique ». Le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) a entendu l’appel et a lancé en 2010 Les Rendez-vous de l’énergie. Cette démarche a rassemblé les acteurs clés de la société dans toutes les régions du Québec. Au Bas-Saint-Laurent, le forum régional a réuni à l’automne 2010 une centaine d’intervenants régionaux de tous horizons invités par le Conseil régional de l’environnement (CRE) à « imaginer le Québec sans pétrole ». Ce travail a été mis en commun avec celui des autres régions en novembre 2011 lors du premier Forum québécois sur l’énergie. La mobilisation des acteurs s’est poursuivie en 2012 dans le cadre d’un vaste chantier de prise en charge régionale de la lutte aux changements climatiques : Par notre PROPRE énergie. Grâce à cette initiative et à l’implication des membres de la Table régionale sur la dépendance au pétrole, la région a désormais en main un diagnostic énergétique et un plan d’action solide pour pallier la dépendance au pétrole.
Diagnostic énergétique
Chaque année, le Bas-Saint-Laurent consomme près de 500 millions de litres de pétrole (plus de la moitié en essence, environ le tiers en diesel et le reste en mazout, en carburant d’aviation et en propane). Pour bien comprendre à quoi sert tout ce pétrole, il faut d’abord se rappeler qu’à l’instar du reste du Québec, la moitié de toute l’énergie consommée est renouvelable (électricité et biomasse), alors que l’autre ne l’est pas (pétrole, gaz naturel et charbon).
Le pétrole qui est brûlé dans la région sert d’abord et avant tout au transport (82 %). Le transport routier engloutit la part du lion de ces combustibles fossiles (70 %), principalement pour déplacer des personnes et, dans une moindre mesure, des marchandises. Les autres modes de transport se partagent une part restreinte; à savoir, près de 7 % pour l’avion, 4 % pour le bateau et 1 % pour le train. Évidemment, la portion ferroviaire sera appelée à diminuer en raison de la récente diminution de la desserte par Via Rail…
Même si les secteurs agricoles, industriels, résidentiels ou commerciaux et institutionnels sont importants dans la région, ils ne représentent que moins de 20 % de l’appétit pétrolier régional. C’est donc dire que même si ces secteurs devront contribuer à réduire leur dépendance au pétrole, c’est avant tout aux transports qu’il faut s’attaquer.
Mais la région a de beaux atouts en mains, qui sont malheureusement encore méconnus et sous-estimés.
Plan d’action
Ce sont justement ces potentialités qui ont été structurées avec nos partenaires dans le Plan d’action régional de réduction de la dépendance au pétrole 2013-2020. Il importe de souligner que ces partenaires sont des organismes qui reflètent fidèlement le tissu régional et qui ont compris que l’avenir de la région passe par les énergies renouvelables.
Pour y arriver, il faut d’abord chercher à réduire à la source la quantité de pétrole consommée. Par exemple, cela peut se faire en favorisant le transport collectif ou actif et le covoiturage, ou en concevant des circuits courts de transport de marchandises. Tirer avantage du Saint-Laurent et du chemin de fer en ayant recours à l’intermodalité des transports est un incontournable. Pour remplacer le pétrole, les biocarburants s’avèrent une solution par laquelle la région pourrait faire de grands pas. En effet, plusieurs organismes travaillent à les développer à partir de biomasse forestière, urbaine ou agricole. Dans les bâtiments aussi, le mazout peut être remplacé par une panoplie d’énergies renouvelables en plus de mesures d’efficacité énergétique. Le plan d’action s’articule donc autour de cinq axes regroupant des objectifs et des actions. La phase de mise en œuvre consistera à décliner chaque action en de multiples gestes ou projets concrets que les différents acteurs de la région réaliseront à court, moyen ou long terme. Le RNCREQ, avec tout le réseau des CRE, a proposé au gouvernement provincial de prendre la direction de cette démarche.
Précisons que le Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent s’oppose à l’approvisionnement et à la circulation du pétrole des sables bitumineux et, par conséquent, s’oppose à la construction d’un oléoduc et d’un terminal pétrolier. Le plan d’action offre une vision alternative et constructive.
Pour consulter ou télécharger le diagnostic ou le plan d’action, rendez-vous sur le site du Conseil de l’environnement au www.crebsl.com et cliquez sur l’icône « Par notre propre énergie Bas-Saint-Laurent ».