Parce que les mots aussi tuent…

Sylvie Gourde, Le Tour des Ponts, Saint-Anselme, mars 2014

À l’occasion de la Journée internationale des femmes, le Centre femmes de Bellechasse a réuni quelque 60 personnes, le samedi 8 mars dernier, à Honfleur, autour de la pièce Coups de foudre jouée par des membres du Théâtre Parminou.

Derrière le rideau de la violence psychologique évoluaient Anne, Philippe et Mario, trois protagonistes sans caractéristiques particulières, mais confrontés à un mal insidieux qui gangrène le corps, éteint l’âme. « La violence, ce n’est pas toujours frappant, mais ça fait toujours mal. La violence psychologique est méconnue, passe trop souvent inaperçue et les cicatrices invisibles laissées par ses attaques sont difficiles à démontrer devant la justice. Discrets, sournois, ses effets sont pervers et destructeurs et conduisent à la violence physique. » À travers des épisodes de vie, racontés tantôt simplement, tantôt crûment, nous entrons dans le labyrinthe infernal de ce trio. Affables, généreux, intelligents, tous trois glissent de la lune de miel au mélodrame.

La violence conjugale n’apparaît pas subitement dans une relation amoureuse. Elle se love subtilement au détour de blagues déplaisantes, du chantage, des insinuations. Humiliations, insultes, cris, menaces ou encore bouderies et silences prolongés, contrôle des allées et venues du partenaire, de ses finances, enveniment la relation qui sous le dédale des émotions explose en brutalité.

Si bouquets de roses, soupers en tête-à-tête, belles paroles éclipsent sporadiquement le monstre, le cycle reprend de plus belle et gagne en intensité. Et les années passent, érodent l’amour, le respect, l’estime de soi. « On s’habitue à se haïr, on meurt par en dedans », avouera Anne, anéantie par cette valse incessante de mauvais pas. Et les enfants grandissent dans la peur, bousillent leur bonheur, et pire, apprennent ces comportements néfastes qui perdureront de génération en génération si rien n’est fait… Le problème avec la violence, c’est que si l’on sait quand ça commence, on ignore comment cela se terminera.

 

Des chiffres

 

Dans son édition du jeudi 6 février 2014, Le Soleil indiquait que l’an dernier, 6700 femmes et 5000 enfants ont été hébergés d’urgence dans 82 maisons d’hébergement en raison des risques que présentait un conjoint violent. Hélas! Ces statistiques ne représentent que la pointe de l’iceberg. Elles émergent des plaintes enregistrées au poste de police ou dans les lieux d’intervention. Bien des portes demeurent closes sur l’accablante réalité de la violence. Le silence anonyme perdure jusqu’aux moments où éclatent les tueries…

Derrière ces drames se cache la souffrance. Quelle que soit la forme de violence, il faut en parler. La peur, la honte peuvent maintenir les personnes violentées dans l’isolement. Il importe de briser le mur du silence, de se confier, d’aller chercher de l’aide. Cela s’applique aux victimes, aux conjoints violents et aux témoins. Des hommes aussi peuvent être victimes de violence, même si la plupart du temps, la victime est une femme.

 

Des ressources

 

Différentes ressources sont disponibles pour écouter et soutenir la personne qui veut se confier : les lignes d’écoute, les groupes d’entraide pour femmes et pour hommes, les maisons d’hébergement pour les femmes et leurs enfants, les professionnels de la santé, la parenté, les amis, les voisins et les collègues de travail. Pour vous guider dans votre recherche, existe S.O.S. Violence conjugale au 1 800 363-9010.

Avec les nombreuses activités et rencontres d’information offertes, les centres-femmes s’avèrent aussi un lieu propice pour reprendre confiance et créer un réseau de contacts aidants. À travers leurs monologues et discussions, Anne, Mario et Philippe ont livré un message percutant, comme un véritable coup de poing en plein cœur…

 

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