Andrée Audet, L’Image de Bury, Bury, mars 2014
C'est sous un ciel bleu surplombant la belle mer turquoise et le sable blanc des Bahamas que j'ai pu consulter le site Web du journal Bury's Image de Bury et en lire la dernière édition. C'est quand même merveilleux quand on s'arrête pour y penser. Ne soyez pas jaloux, au moment où vous lirez cet éditorial, je serai déjà revenue à Bury en espérant que dame nature accouche précocement du printemps 2014.
Cela m'amène à réfléchir sur la signification des mots « temps » et « technologie ». Lors de la fondation du journal, les bénévoles mettaient tout en œuvre pour préparer un journal manuellement et les textes étaient transcrits à la dactylo. Maintenant, ils sont acheminés par courriers électroniques et imprimés sur photocopieur Xerox. Ici aux Bahamas, le temps n'a pas la même signification que lorsque je suis au Québec. Si je décide de prendre l'autobus pour faire mes courses, il ne faut pas m'attendre à arriver à destination à une heure précise. Oui, l'autobus emprunte presque toujours le même trajet, mais il n'y a pas d'horaire fixe et ça coûte 1,25 $. Je dois attendre dans l'autobus (15 passagers environ) que tous les sièges soient occupés. Que ça prenne 0 ou 30 minutes, on attend. Les gens ne critiquent jamais.
J'ai voulu aller à l'épicerie la plus populaire. Laissez-moi vous raconter. Je m'oriente vers la première rangée, tout va bien; rendue à la deuxième, je constate que les personnes, en majorité des femmes, sont alignées du côté droit de l'allée et parlent entre elles. Étant donné qu'ici on conduit à gauche, je me dis « oups, je suis du mauvais côté ». Je tourne mon chariot et continue en sens contraire.
Troisième rangée, même scénario. Je demande à une dame « Y a-t-il un sens déterminé que je dois emprunter? » « Non, non, chère, il n 'y en a pas ». Pendant ce temps, si je veux prendre un article, je dois m'excuser, car il y a toujours quelqu'un qui en bloque l'accès. La personne recule ou avance toujours avec le sourire et me dit « Vas y ma chère ». Une fois ma liste d'épicerie complétée, je me rends aux caisses. Quelle surprise, je viens de constater que les femmes alignées le long des allées attendaient pour se présenter à une caisse. Il y avait 8 allées et seulement 4 caisses. Donc, il y a congestion au bout de chaque allée.
J'imagine que les caissières ne sont pas très rapides et prennent le temps de parler aux clientes. Les femmes discutent entre elles et personne ne s'impatiente. Après avoir attendu 40 minutes et sans avoir l'impression que j'avais avancé d'un chariot, je suis allée rapporter les articles réfrigérés dans les comptoirs et ai laissé mon chariot au bout de la rangée en disant « l'abandonne! ». Est-il nécessaire de vous dire que les gens ont bien ri de ma réaction. J'étais pourtant en vacances et j'avais tout mon temps.
Un homme va à la mer presque quotidiennement. Il nage avec une glacière en styromousse accrochée à sa taille. Il revient à la fin de journée, place sa glacière sur le bord de la plage et attend que les gens viennent acheter les poissons qu'il a harponnés. Des femmes passent la journée au marché à attendre que les touristes achètent leur artisanat, etc. On les entend parler et rire entre elles. Elles ne semblent pas trouver le temps long. Le temps est relatif. Malgré cette lenteur, la technologie ici est surprenante dans certains domaines.
Récemment le plus gros navire de croisière au monde, l'Allure of the Seas, de Carribbean Cruise Line, avec ses 16 ponts, 25 restaurants, 2 384 membres d'équipage et une capacité de 5 400 passagers est venu au port pour faire réparer le système de propulsion. Le temps de réparation avait été évalué à sept jours en travaillant 24 heures sur 24, mais elles se sont effectuées en cinq jours. Deux jours avant la date de départ prévue, je me rends au port pour voir cette merveille. Je suis arrivée trente minutes trop tard pour le capter en photo, je l'ai seulement aperçu au large. Le temps! La technologie!