Éolien : une base industrielle solide

Nelson Sergerie, GRAFFICI, Gaspésie, avril 2014

Que restera-t-il en Gaspésie à la fin de la construction des projets éoliens réservés à la région dans le nouvel appel d’offres lancé par le gouvernement Marois l’automne dernier? GRAFFICI a posé la question à différents acteurs de l’industrie gaspésienne.

Bill Talbot et trois complices ont lancé en 2012 l’entreprise Suspendem, de Gaspé. Elle s’est spécialisée dans la maintenance sur corde et à partir de plates-formes de travail, là où l’accès est difficile. L’avantage : pas besoin d’utiliser des grues industrielles, ce qui permet de générer des économies appréciables pour les gestionnaires de parcs éoliens. S’il n’y avait pas eu l’industrie de l’éolien, est-ce que cette entreprise aurait vu le jour ? « Non, c’est sûr. C’est un besoin de l’industrie », explique M. Talbot à GRAFFICI.

Il souligne que Gaspé est située près des parcs éoliens, un avantage, alors que ses compétiteurs se trouvent en Ontario, en Californie ou en Europe. « On est proche et moins cher. C’est l’avantage d’être basé en Gaspésie », dit-il. L’entreprise poursuit son envol. Lancée avec six employés, elle en compte maintenant une quinzaine – tous âgés de moins de 40 ans –, dont des techniciens ultraspécialisés. Elle vise un chiffre d’affaires « dans les millions de dollars » au cours des prochaines années. « On oeuvre surtout en Gaspésie et au Québec. On va développer le marché des Maritimes et l’Ouest canadien », explique M. Talbot, qui souhaite garder le siège social de l’entreprise à Gaspé.

 

800 emplois stables

 

La base industrielle du secteur éolien compte maintenant quelque 800 travailleurs, un nombre qui peut augmenter à 1 200 lorsque des parcs sont en construction, selon les plus récentes données compilées par le Techno-Centre éolien de Gaspé. « Je suis un peu surpris que cette question fasse l’objet d’un reportage. C’est comme si on se posait la question ‘’que va-t-il se passer une fois que la cimenterie sera construite’’ ? », lance le directeur du TechnoCentre éolien, Frédéric Côté, d’entrée de jeu.

Depuis 2012, il se fait moins de construction : « Ce n’est plus l’échelle des années 2000 et l’emploi en éolien se maintient. Il y a 1 200 emplois en éolien et les deux tiers ne sont pas dans la construction», explique-t-il. Il souligne qu’il y a des usines de pales, de tours, de systèmes d’opération, le centre québécois de formation en maintenance d’éolienne, des firmes de génie et des firmes qui doivent faire des suivis de la faune. « Ça aussi, ce sont des emplois qui sont maintenus dans la région qui ne sont pas en lien nécessairement avec des sites de construction », souligne M. Côté. « On a déjà une base très solide qui est là pour rester », ajoute le principal intéressé. Il rappelle qu’un bloc de 300 mégawatts est réservé au Bas-Saint-Laurent et à la Gaspésie dans l’appel d’offres éolien d’Hydro-Québec, sans compter les 150 mégawatts réservés aux Micmacs.

« On est encore bien actifs au niveau construction jusqu’en 2018 et après que ce cycle soit terminé, on souhaite qu’il y ait de la place pour l’éolien », analyse M. Côté. Selon lui, l’industrie sera en mesure de se rendre jusqu’en 2025, moment où le parc devra amorcer son renouvellement, grâce au marché intérieur, tout en développant en parallèle l’industrie de l’exportation vers le marché américain notamment.

 

L’apport du créneau éolien

 

C’est à cette étape de développement qu’intervient le Créneau éolien, dont le mandat a été renouvelé en août dernier par le gouvernement du Québec, tout comme celui du TechnoCentre éolien. « Depuis deux ans, on travaille beaucoup au développement des entreprises en opération maintenance », explique le directeur du créneau éolien, Dave Lavoie. Des missions économiques sont organisées sporadiquement. La prochaine se tiendra en avril au Texas.

« On se tient au courant des nouvelles tendances, des nouvelles techniques afin de faire en sorte que nos entreprises aient beaucoup de travail ici. Ça fait en sorte que ce ne sont pas des entreprises étrangères qui viennent ici », ajoute M. Lavoie.

 

classé sous : Non classé