Patrice Michaud habité par la Gaspésie

Marie-Josée Richard, GRAFFICI, Gaspésie, avril 2014

Le deuxième album de Patrice Michaud, Le feu de chaque jour, est habité en filigrane par la Gaspésie. La péninsule ne sert pas de réservoir à clichés, mais plutôt comme levier pour la poésie de l’auteur-compositeur-interprète originaire de Cap-Chat.

Le lancement officiel de son 2e album, Le feu de chaque jour, a eu lieu le 4 février dernier au Lion d’Or à Montréal. Mais pour l’auteur-compositeur-interprète et conteur, natif de Cap-Chat, un second était de mise, auprès des siens, lequel s’est tenu le 13 février à la Maison de la culture de Ste-Anne-des-Monts. Pas étonnant que cette soirée ait eu des airs de fête de famille.

Sur le coup de 7 heures, deux joyeux lurons sortent en trombe des coulisses et arrivent l’air taquin comme des enfants. Patrice Michaud, une serviette au cou et bouteille de boisson énergétique à la main… tel un boxeur prêt à monter sur le ring. Il est avec Benoit Côté, un chum de gars, avec qui il a fait ses débuts en musique, plutôt qu’avec sa brochette de musiciens habituels. Patrice Michaud présente ce soir-là son album en version allégée et… locale.

L’assistance est composée d’une ribambelle de tout-petits devant ; derrière, 175 spectateurs debout, tassés comme des sardines, le sourire aux lèvres. Avec parents, amis, collègues du secondaire et fans des alentours venus le voir, il ne faut pas se surprendre que le public semble vendu d’avance.

En entretien avec GRAFFICI, l’artiste admet que la Gaspésie est présente dans sa musique, mais de manière subtile. « Je laisse parler l’instinct et l’inconscient. Je ne fais pas de chansons sur la mer et les montagnes, comme un stéréotype gaspésien. Tout ce que j’ai fait à date est habité d’une géographie ou d’un territoire, mais souvent je m’en rends compte après avoir écrit ça… c’est comme un levier pour la poésie. Cette essence, ça vient d’icitte, c’est sûr ! Ce qui est indéniable, ça ne fait pas très nightlife Montréal ! » Ce disque, qui fait 12 chansons en 45 minutes, il l’a composé lentement, comme lève le bon pain.

Réalisé et composé en étroite collaboration avec André Papanicolaou, Le feu de chaque jour a été encensé par la critique dès sa sortie, se méritant même la note presque parfaite de 9/10 par Claude Rajotte de Musique Plus. À l’heure d’écrire ces lignes, il siège au 6e rang des ventes Catégorie Francophone chez Archambault. Ce nouvel album présente un amalgame de folk, de pop-rock et de ballades, sur des thèmes d’amour et d’amitié, des textes tournés vers la vie ordinaire, mais « pas plate ». Son inspiration en musique provient de Calexico, Wilco et White Horse, et en lecture, de nombreux romans et poèmes.

 

Vox populi : pourquoi Patrice Michaud ?

 

« Je suis ici en amie, mais aussi parce que j’aime beaucoup sa musique… je suis très fière de lui ! » indique Gabrielle Bücheler, une amie de longue date de La Martre. Elle a vu les tout premiers spectacles de l’artiste, au centre de ski à Cap-Chat, alors qu’il n’avait que 13 ou 14 ans. « Tout le monde voulait qu’il chante du Zachary Richard… il était très capable de l’imiter. » Aujourd’hui, c’est sa propre musique que tous veulent entendre. « Patrice a connu toute une évolution ; il était un très bon interprète, mais maintenant, il écrit, compose, chante… en fait, il joue vraiment ce qu’il a dans les tripes. »

Quant à Jean d’Arc Michaud (57 ans) de Cap-Chat, sans être apparenté à la star montante, il a travaillé dans le même restaurant que la mère de Patrice pendant des années. « On l’a vu grandir, on l’a vu progresser. J’ai assisté à son premier lancement, qui était chez Valmont à Cap-Chat. J’avais envie d’être ici ce soir, c’est merveilleux ! » Selon lui, la Gaspésie a laissé sa marque. « Pour les gens de la ville, il y a des subtilités qu’ils ne remarqueront pas. Il a des influences d’ici : des expressions, des phrases, des images, des tournures… »

 

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