Valérie Beauchamp, par qui l’extraordinaire arrive

Pierrette-Anne Boucher, Le Sentier, Saint-Hippolyte, mars 2014

Quand on a 28 ans, que l’on vit chez ses parents, que jamais on ne pourra assumer toute seule son quotidien, que la déficience intellectuelle nous marginalise, rencontrer des femmes comme Danielle et Chantal, peut donner à votre vie une tout autre tournure.

Valérie a 28 ans. Déficiente intellectuelle, Valérie nous a rencontrés mercredi dernier avec Danielle et Chantal à son lieu de stage: le Restaurant Les Nations. Valérie, c’est une fille de chez nous. La fille de Serge et Linda Beauchamp. Tout le monde de Saint-Hippolyte connaît l’ancien garagiste et Linda. Leur entreprise en a dépanné plus d’un, et ce, pendant plusieurs d’années. Le garage du village, c’était Serge et Linda ! Danielle Desjardins, agente d’intégration reliée au Centre du Florès et responsable de ce projet, est celle qui a rendu possible l’espace d’apprentissage que vit Valérie depuis octobre 2013.

 

Du marrainage depuis 22 ans

 

Vingt-deux ans à travailler avec des gens qui ont des limitations, à leur trouver une place dans la communauté, selon leurs champs d’intérêt et leurs capacités. C’est de la chance. Du bonheur, nous dit Danielle. Si vous saviez combien j’ai appris d’eux. J’ai des jeunes avec des limitations qui travaillent chez Canadien Tire, au Cegep de Saint-Jérôme ou au parc de la Rivière du Nord. Valérie a déjà travaillé à la Pépinière des Hauteurs, ici à Saint-Hippolyte. Elle travaille ici et elle est heureuse.

 

Réadaptation, adaptation, participation sociale

 

Ces trois mots résument bien la mission du Centre du Florès. Mon papa et ma maman ont essayé tout seuls. Mon papa et ma maman m’ont longtemps cherché du travail. Personne ne voulait. Danielle a trouvé Chantal. Que d’émotions dans cette gorge de peu de mots, parce que c’est difficile d’organiser sa pensée. Mais pas difficile pour ce cœur plein, pas déficient du tout, d’avoir sentiments et reconnaissance.

 

Son rayon de soleil du mercredi matin

 

Chantal est la propriétaire du Restaurant Les Nations du lac Connelly. Elle est celle qui est heureuse de voir arriver Valérie tous les mercredis matins. C’est elle qui l’appelle son rayon de soleil et qui se trouve chanceuse d’apprendre d’elle. Chantal Guindon et son équipe n’en sont pas à leur premier accueil de personnes différentes. Ils aiment offrir une place sur mesure à des personnes comme Valérie. Elle parle de temps à investir bien sûr, d’enseignements à donner de surveillance, de sécurité, mais aussi du soutien extraordinaire du Centre du Florès, de la présence généreuse de Danielle. Elle s’entretient davantage de Valérie, de son bonheur de la voir se transformer un peu plus chaque jour. Valérie a amélioré son langage, maîtrise mieux son stress, rit, fait des farces. Elle va vers les clients, sent qu’elle fait partie de nous.

 

Pas beaucoup de bruit, mais beaucoup de cœur

 

En cette semaine de la déficience intellectuelle, l’objectif de cet article est simple. Nous faire goûter, nous tous en tant que collectivité, à du merveilleux, à de l’extraordinaire, car tout le monde sait que le grand s’accomplit dans le silence. Pas de fracas, pas de tambours, pas de trompettes. Pas de médailles pour un quotidien ordinaire qui tranche des carottes, place des choses dans le frigo, nettoie. Pas beaucoup de bruit pour des cœurs et des mains qui construisent. Ici même à Saint-Hippolyte nous en avons plein. Mon rêve, c’est d’avoir une job qui se continue nous dit Valérie. Elle y a droit. Ils y ont droit déclare Danielle.

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