Daniel Therrien, Le P’tit Journal de Malartic, le 26 février 2014
Lota Stuart-St-Jean est née en 1908. Elle est arrivée à Roc d’Or en 1938, mariée à M. Alphonse St-Jean. Ils avaient cinq enfants (Fay, Joan, Gail, Lorraine, Arnold) ; la plus vieille à ce moment avait douze ans. Lota avait alors 30 ans. Ils sont demeurés dans une cabane de bois rond avec un toit de double toi le pendant quelques temps seulement. Par la suite, ils sont déménagés en face du parc Lion en appartement. Ils n’ont jamais eu de maison, mais plusieurs appartements sur la rue Royale. Elle a eu une sixième enfant, Doreen, en 1943.
Entre 1938 et 1958, des centaines de bébés malarticois ont vu le jour grâce à son assistance. Elle travail lait seule et quelques fois avec des médecins dont les docteurs, Barras, Read et Fyfe, (jusqu’à ce que les médecins s’y opposent, papa me dit que chaque mine avait son médecin et la ville en avait aussi quelques-uns).
Beau temps, mauvais temps, elle se rendait à la demeure de la femme qui accouchait et repartait seulement quand la maman avait réussi à allaiter son bébé. Elle lavait avec respect et empathie la parturiente et l'entourait d'une couverture qu'elle préchauffait au poêle à bois de même pour le nouveau-né. Elle retournait visiter la mère et l'enfant à tous les trois jours suivants l'accouchement. On nous a raconté que notre grand-père lui avait tourné des skis de fond pour qu'elle puisse se rendre jusqu'à la East Malartic en pleine tempête de neige.
Mon grand-père a perdu un bras dans un accident de la mine en 1940 (deux ans après leur arrivée) et ma grand-mère a dû travailler très fort. Elle a vendu du « British Knit » , des produits Avon pendant plusieurs années, travaillé chez Economy Store, a eu sa boutique de vêtement Mi lady Shop à deux adresses différentes sur la rue Royale (fin des années 50 et début 60), en plus d’accoucher tous ces enfants, des familles complètes parfois (Baker, Gudbransons, Plumadores, Krivitskies, Kennedy, Perreault, Carrier , etc. etc. etc. En plus de ses propres petits-enfants, les Mc Cormick, les Therrien ).
Après avoir été excommuniée par le curé Renaud (pour avoir inscrits ses enfants à l’école protestante afin qu’ils ne perdent pas l’anglais du côté de sa famille), elle est devenue présidente du CWL (Catholique Women League) après le départ du curé Renaud je crois. Une de mes cousines l’accompagnait dans les conventions. (Elle a conservé sa broche de présidente et son tablier d’infirmière).
Lota Stuart (nom de fille) était la plus âgée d’une famille catholique de 14 enfants. En plus de tout cela el le tricotait pour les pauvres des mitaines et des bas. Elle organisait des soupers de la St-Patrick et des bazars annuels au sous-sol de l’église.
Une super woman!
Elle est demeurée à Malartic une trentaine d’année. Elle a fait une embolie cérébrale, s’en est remise et est déménagée à Cochrane en Ontario pour travailler comme infirmière avec les enfants de l’hôpital local. Entre temps elle avait adoptée ma cousine Dayle, à l’âge de deux ans. Elle avait deux de ses sœurs qui y résidaient, Dayle avait alors 15 ans environ. Elle est décédée à Ottawa en 1982, elle avait alors 74 ans. Elle adorait le lac Malartic. Après son décès, ses cendres y ont été dispersées.