Michelle Bonneau, nommée «Personnalité de la semaine» du journal La Presse

Sylvie Dupont, Contact, Témiscaming, le 12 février 2014

Michelle Bonneau, bien connue à Témiscaming pour y avoir enseigné pendant plusieurs années, vient d'être nommée Personnalité de la semaine du journal La Presse pour son implication auprès des femmes pauvres du Népal par le biais de l'Intercultural Women's Educational Network (I.W.E.N) un organisme qu'elle a fondé en 2005.

C'est grâce à un reportage réalisé en septembre 2013 par la joumaliste de La Presse, Audrey Ruel-Manseau, et la vidéaste, Sira Chayer, que le nom de Michelle Bonneau s'est mis à circuler dans les locaux du réputé quotidien montréalais. Mais ce n'est que le 31 janvier qu'elle a appris sa nomination à titre de Personnalité de la semaine dans l'édition du 3 février 2014.

Cet honneur, Michelle Bonneau l'accepte avec humilité au nom de tous les bénévoles et donateurs d'I.W.E.N. dont le siège social se trouve en Colombie-Britannique: «Pour moi, I.W.E.N. dépasse tout ça. Ce sont les bénévoles qui sont importants. Même si j'ai créé l'organisme, je ne fais plus partie du conseil d'administration dont tous les membres sont aussi des bénévoles. Je suis une bénévole comme les autres et nous payons toutes nos dépenses personnelles lorsque nous allons au Népal. I.W.E.N. a un seul employé rémunéré». Cependant, elle admet que sa nomination a créé un engouement pour les foulards fabriqués par les femmes Tharu du Népal. I.W.E.N. s'occupe des ventes qui auraient fait un bond spectaculaire sur le site web UNAKO d'où l'on peut les commander. A cet égard, elle voulait souligner l'implication des bénévoles de Montréal qui, en plus d'avoir créé le site, font un travail remarquable pour le maintenir à jour.

Michelle Bonneau a fondé I.W.E.N. d'abord pour éduquer les femmes Tharu afin de les sortir d'un système (kamaiya) qui les maintenait pratiquement dans l'esclavage. Depuis sa fondation, l'organisme est parvenu à aider un grand nombre de ces femmes à échapper à la misère. Le premier pas fut de ramener dans leur village celles qui étaient exploitées par leurs employeurs.

Depuis la création, en 2009, d'un programme de micro-crédit et, en 2012, de l'atelier de fabrication de foulards UNAKO, elles profitent d'un travail équitablement rémunéré qui leur a permis d'acquérir une plus grande liberté et un sentiment de fierté, Pour éviter que les femmes ne deviennent trop dépendantes d'I.W.E.N., elles doivent réinvestir une partie des profits dans la communauté, entre autres, pour payer les frais de scolarité de leurs filles, ce qui fait leur bonheur car elles sont pour la plupart illettrées. En 2011, le programme d'achat de bicyclettes a eu un impact très positif sur la fréquentation scolaire: «Nous avions des filles qui ne venaient pas en classe parce qu'elles n'avaient pas assez de temps pour faire leurs tâches à la maison et se rendre à l'école en marchant. Le programme d'achat de bicyclettes a réglé ce problème». Et la grande aventure se poursuit puisque les femmes Tharu auront bientôt leur propre local. La maison UNAKO, présentement en construction avec l'aide de bénévoles, leur permettra de jouir d'un lieu de travail et de rassemblement sécuritaire: «Deux bénévoles de Montréal et 26 de Colombie-Britannique, âgés de 16 à 76 ans, sont venus nous aider pour monter la fondation. Quand ils m'ont demandé où étaient les brouettes, je leur ai dit, ce sont nos mains les brouettes.

Là-bas, les pierres et les briques, on doit toutes les transporter dans nos mains mais les femmes Tharu les portent sur leur tête». Lors de son premier séjour d'un mois au Népal, effectué à l'occasion d'un périple autour du monde en 2000, elle n'était certainement pas consciente du tournant que prendrait sa vie, ni que le sort réservé aux femmes Tharu l'obséderait à ce point une fois de retour au pays: «J'aurais pu faire la même chose ici à Montréal parce que la pauvreté existe partout. Je peux juste vous dire que c'est venu du coeur. Ça va paraître fou mais je suis sûre que c'est Dieu qui m'a envoyée là-bas. C'était un appel. Sinon comment expliquer qu'à 58 ans, je décide de tout vendre pour m'en aller au Népal sans trop savoir ce qui m'attendait là-bas. On fait ça à 25-30 ans, pas à 58!», a confié l'ex-religieuse maintenant âgée de 66 ans.

Michelle Bonneau a beaucoup d'affection et de respect pour ces femmes qui se sont prises en main d'une manière incroyable malgré les grandes épreuves qu'elles ont dû traverser. Son souhait le plus cher est de passer le flambeau à leurs filles qui, une fois scolarisées, pourront s'occuper de l'administration: «Elles sont tellement débrouillardes. Elles avaient juste besoin d'un coup de pouce pour les aider à se partir. J'aimerais que, d'ici quatre ans, les femmes Tharu soient capables d'administrer elles-mêmes leurs projets». Une chose qui lui tenait spécialement à cœur, c'était de remercier ses amis de Témiscaming : «Tout a commencé ici pour le projet UNAKO. Nous l'avons démarré grâce à vous, avec l'aide de Lisa Ann Morin et de son équipe, de Michelle Goulet à l'Envol, du C.W.L., des Doigts Magiques, et de la population qui a acheté nos foulards.

Avec cet argent, nous avons été capables d'acheter nos premières machines à coudre à pédale». Effectivement, les foulards UNAKO, ce qui signifie Elle en népalais, sont tous fabriqués à la manière d'autrefois et Ies broderies faites à la main. Michelle Bonneau repartira pour le Népal à la fin de février pour revenir au Canada en juillet. L'avenir nous dira si elle sera choisie Personnalité de l'année lors du Gala du programme d'excellence La Presse/Radio-Canada diffusé annuellement en janvier sur les ondes de Radio-Canada.

 

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