Commanditaires et échanges de service : le nouveau chocolat

Mathieu Massé, La Quête, Québec, février 2014

L’argent mène, le monde, ça, tout le monde le savent. D’Équipe Canada aux bouts de chou qui veulent financer la sortie de fin d’année, en passant par les délégations des différents jeux interfacultaires, tous ont besoin de financement. Regard sur les moyens de s’autofinancer de manière originale, car tout le monde sait que la vente de chocolat… c’est out!

Le milieu scolaire pullule de demandes de financement pour différentes activités. C’est donc dire que la compétition est féroce et, qu’à ce titre, il faut être de plus en plus original pour « gagner » les fonds convoités. Fabrice Coulombe, père de deux jeunes filles, estime que la vente de chocolat, même si elle est un peu « brûlée », fonctionne encore, malgré la compétition féroce. « Vendre du chocolat, c’est comme vendre n’importe quoi! Le vendeur de chars va te convaincre que le bruit de son moteur est plus doux que celui de son compétiteur; le vendeur de chocolat a besoin de te faire comprendre que tu n’as JAMAIS goûté à un aussi bon chocolat de toute ta vie. Pas facile ! »

M. Coulombe explique que ce n’est pas toujours facile pour les jeunes de vendre. Encore moins pour les jeunes enfants. « C’est peut-être pour ça que le chocolat a encore un peu la cote, c’est plus facile à vendre quand tu as 8-9 ans ». « Ce qui est bon aussi, ce sont les concours. Vendre la chance de gagner des billets pour les Canadiens pour pas très cher, c’est pas trop difficile. Sauf qu’il faut les avoir les prix à faire tirer… et ça c’est moins facile ».

Le chocolat n’est toutefois pas la seule chose que les jeunes vendent désormais. Ainsi, que ce soit des oranges de la Floride ou du thé, des compagnies comme Chocolats Lamontagne, spécialisées dans les campagnes de financement, tentent de diversifier leur offre afin de pallier la baisse de popularité du chocolat.

 

Financement original ?

 

S’il est difficile de se faire bon vendeur à la petite école, les universitaires et jeunes professionnels redoublent d’imagination pour s’autofinancer. Guillaume Arsenault, chef de la délégation de l’Université Laval des Jeux de la communication, croit que la création d’événements va être grandement profitable à toute organisation en recherche de fonds. « Les fameux partys de financement poussent comme de la mauvaise herbe sur les campus. Il y en a partout, pour toutes les causes ! »

Mais malgré cette féroce compétition, M. Arseneault assure que les organisateurs ne boudent pas les activités des autres. « Si on va à l’événement d’une gang, ils vont venir au nôtre, c’est vraiment donnant donnant », dit-il. « On doit quand même faire preuve d’une grande dose d’originalité. Il faut donner une plus-value à notre événement pour attirer des gens ». M. Arsenault suggère les classiques comme les moitié-moitié qui sont une bonne motivation pour les gens. Les prix en général sont très bien vus. « Plus les prix de participation sont intéressants, plus il y aura de monde, d’où l’intérêt d’avoir de bons commanditaires. Une télé à donner ou bien un iPod, c’est pas mal bon… un voyage, c’est très très fort ! »

Les événements sportifs ont également la cote. « Créer un tournoi où les inscriptions sont payantes, où les gens qui regardent vont consommer de l’alcool, ça, c’est payant », explique M. Arsenault. Le Bal Philanthropique est une soirée mondaine qui promeut la philanthropie auprès des jeunes gens d’affaires de la région de Québec tout en collectant des fonds pour un organisme jeunesse de la région. L’un des organisateurs de l’édition 2013, Vincent Grenier-Cliche, soutient pour sa part que l’échange de service et la commandite ont largement contribué à la réalisation de cet événement. « Par exemple, si un restaurant me donne 1 000 bouchées pour mon cocktail, on lui donne la visibilité en conséquence lors de l’événement. En plus de ça, si j’ai un midi-conférence à organiser, il y a de bonnes chances que j’organise ça chez lui… », d’expliquer M. Grenier-Cliche.

Selon M. Coulombe, les manières originales de se financer ne datent pas d’hier. « Quand je jouais au hockey, mon père avait eu l’idée de vendre du pain de ménage », explique-t-il. « On partait le samedi et dimanche matin tôt avec nos pains et on allait vendre ça. Les gens qui font leur épicerie au début de la semaine se retrouvent souvent avec pas grand-chose à la fin de la semaine et quand on arrivait avec notre pain juste à l’heure du déjeuner, ça disait jamais non. On s’était payé des beaux manteaux avec ça, et c’était original, c’est clair ! »
 

classé sous : Non classé