La peur d’en manger toute une

Pierrette, chroniqueuse de la rue, L’Itinéraire, Montréal, le 15 janvier 2014

La violence envers les enfants est un désastre qui bousille leur vie. Je traite ici de la violence des parents vis-à-vis de leur progéniture. Pour les agresseurs, tous les prétextes sont bons pour agir ainsi, pour eux c'est la faute de la victime. Exemple : au repas, le jeune assis à la table regarde son père, celui-ci lui crie  «Qu'est-ce que tu as à faire cela, arrête sinon… », et il étend son bras en le menaçant de le frapper.

Les tensions sont présentes continuellement à l'intérieur de l'enfant, car il ne sait pas à quel moment la violence peut éclater. Exemple : le jeune a peur lorsque son parent est dans la même pièce que lui, car il ignore si c'est aujourd'hui ou demain qu'il va en manger tout une. L'enfant est comme une éponge, il n'a pas de filtre protecteur, alors il se voit selon l'image que ses parents lui reflètent. Le jeune préfère croire qu'il est nul, qu'il mérite la violence, plutôt que de penser que son parent ne l'aime pas, car cela est inacceptable. Il peut souhaiter en manger toute une, malgré son immense peur, car il espère que son parent en faisant cela se décharge de toute sa violence, et que par la suite il l'aime.

La violence peut être physique (coups, rentrer dans un mur, attacher), verbale (cris, changer de ton, injures, menaces, ordres) ou psychologique : dénigrer, critiquer, renvoyer à l'enfant une image d'incompétence, etc. Il y a souvent plus qu'une seule sorte de violence présente. Peu importe l'intensité de la violence physique, elle apporte tout de même des répercussions négatives. Exemple : une mére donne des claques et des coups de règle qui ne laissent pas de marques sur les bras de sa fille, mais celle-ci sent la plus grande charge de violence provenant de sa mère ainsi qu'un grand rejet. La violence verbale et psychologique laisse des bleus au coeur, car ce sont des mots qui tuent la vie intérieure de l'enfant.

Les conséquences de ces violences sont nombreuses et varient d'un enfant â l'autre. Ça peut être au niveau de ce qu'il ressent. L'image de lui-même est négative, car il a intégré celle que ses parents lui ont donnée. Il n'a pas confiance en lui ni aux autres. Il est anxieux, il sursaute au moindre petit bruit dans son environnement.

Ça l'influence au niveau de ses comportements. Un enfant effacé qui est la victime des autres à l'école, ou au contraire c'est celui qui veut toujours se battre ou imposer ses volontés aux autres. Il a des difficultés scolaires à cause de problèmes de concentration ou de manque de motivation. Il est perfectionniste par peur de se faire chicaner, cela pouvant le mener à ressentir des anxiétés très fortes par crainte de ne pas réussir. Vers l'adolescence et parfois même auparavant, certains vont trouver refuge dans l'alcool ou les drogues pour se couper des douleurs intérieures ressenties.

Les violences répétitives s'accumulent de jour en jour et viennent se loger dans la personne, car c'est comme d'inscrire en elle qu'elle ne vaut pas la peine d'exister. La violence laisse des séquelles négatives chez l'enfant et cela a même des conséquences devenu adulte. Alors si vous soupçonnez qu'un enfant est violenté, intervenez!

 

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