Cock, pièce mise en scène par Alexandre Goyette

Samuel Larochelle, Échos, Montréal, janvier 2014

La dernière fois qu’il a porté un projet théâtral sur ses épaules, Alexandre Goyette a récolté les Masques de l’interprétation masculine et du meilleur texte original pour King Dave, en 2005. Le voici de retour avec Cock, une comédie noire percutante sur le couple et l’identité sexuelle, présentée à l’Espace 4001 du 30 janvier au 15 février prochain.

Écrite par Mike Bartlett, l’histoire de Cock est celle d’un homosexuel (Michel-Maxime Legault) pris dans un triangle amoureux entre son partenaire de longue date (Goyette) et une femme rencontrée par hasard (Geneviève Côté), qui le fait douter de son orientation sexuelle. Au programme : exploration de fantasmes enfouis, jeux de pouvoir, confrontations, questionnements sur les relations amoureuses et la catégorisation de l’orientation sexuelle.

«Le gars laisse son copain, car il est profondément tanné de certaines choses de son couple, et il rencontre la fille en même temps, précise Alexandre Goyette. La question d’identité sexuelle est très présente dans le texte, mais ça va plus loin que ça. On parle beaucoup de ce qu’on est prêt à endurer pour vivre quelque chose qui ressemble au bonheur et à l’amour.»

 

Pouvoir de subversion

 

Tabous mis en miette, humour chargé d’ironie, spectacle délicieusement aguichant, Cock pourrait secouer certains spectateurs. « Je dirais que c’est plus dérangeant pour une personne qui est moins proche de cet univers. On a d’ailleurs le personnage du père de l’ex qui représente cette pensée-là. C’est un monsieur d’une autre génération, qui pense d’une autre manière, mais qui aime son fils gros comme la terre. Son discours sur la situation est hyper riche.»

Assurant la mise en scène et la traduction de Cock, Alexandre Goyette découvre avec un enthousiasme évident ces deux nouvelles facettes du métier. «Depuis le début du processus, je suis comme un boulimique. Je n’arrête pas, j’en prendrais plus et je pense toujours à ça. J’ai encore plus de plaisir que je pensais à faire tout ça.» L’acteur affirme également être heureux de jouer un homme gai pour la première fois. «On ne me demandait pas en auditions pour ces personnages-là.

Je pense qu’au Québec, même si on est super ouvert, on est encore dans une représentation un peu épaisse de ce qu’est un couple homosexuel. C’est soit très féminin ou une grosse blague. Pour la pièce, je voulais plutôt un couple à la Six Feet Under, où un gros policier black est avec le propriétaire du salon funéraire plus réservé. Je trouvais ça magnifique. »

Qui dit personnage homosexuel dit nécessairement intimité homosexuelle à jouer sur scène. « On me parle beaucoup de ça… C’est sûr que d’embrasser Michel-Maxime, qui est mon ami, c’est drôle et étrange. Mais si j’embrassais une amie comédienne, ce serait tout aussi bizarre. Dans le fond, jouer un gai, c’est un peu la même affaire que d’interpréter un agent immobilier. Le plaisir est surtout du côté de sa personnalité très intense qui dit tout ce qu’il pense. C’est super intéressant à jouer. »
 

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