Postes Canada : Révoltant !

Vincent Di Candido, Échos, Montréal, janvier 2014

Révoltant ! C’est le mot qui me vient à l’esprit pour décrire la stupidité du gouvernement fédéral suite à l’annonce en catimini, après la fin de session du Parlement, pour éviter toute discussion avec l’opposition de la fermeture à brève échéance du service de livraison de Postes Canada. C’est sans compter le cynisme qu’illustre l’augmentation du timbre-poste qui passerait de 0,63 $ à 1,00 $.

Ces initiatives visent à rendre service aux citoyens, dit-on, dans un contexte où Postes Canada souffrirait d’une dette de plus de 2 milliards d’ici 2020 si rien n’est fait d’ici là. Interprétation que l’édito rialiste de La Presse, André Pratte, et la chroniqueuse Nathalie Elgrably-Lévy, du Journal de Montréal, se sont empressés de défendre sous prétexte de modernisme et de gros sous, selon la maxime «on ne peut arrêter le progrès ».

Pourtant, cette coupure toucherait des millions de Canadiens et, dans le lot, beaucoup de personnes d’un certain âge ou avec des difficultés de motricité, qui auront beaucoup de difficulté à se déplacer pour aller chercher leur courrier dans des boîtes aux lettres éloignées de leur domicile. De plus, si chaque service doit s’autofinancer, à quoi servent nos taxes, surtout s’il s’agit d’un service essentiel ?

Si ce gouvernement à l’appétit vorace veut économiser à tout prix, il serait temps qu’il élimine le Sénat, qui coûte des dizaines de millions, et ce, pour entretenir des vieillards non élus qui se servent de nos institutions comme d’une maison de repos, tout en touchant des salaires généreux aux frais de contribuables.

Il est bien sûr qu’il convient de restructurer le service postal, comme cela a été le cas dans plusieurs pays européens, comme la France, la Belgique et l’Espagne, notamment. Ces derniers ont placé des centrales pour boîtes aux lettres dans de petits villages, tout en gardant la distribution aux domiciles dans les grandes villes, diminuant ainsi la participation du gouvernement.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a raison de protester énergiquement contre ces mesures qui n’étaient pas inscrites dans le programme électoral du Parti conservateur. En outre, cette décision prise sans aucune consultation représente une démocratie autoritaire qui fait penser à une « république de bananes» où l’on veut effacer l’humain au profit des robots et où l’on n’hésite pas à mettre au chômage des milliers de facteurs. Ceux-ci devront bien à leur tour se faire payer des primes de départ et des prestations, ce qui aura pour effet d’alourdir les charges de l’organisme d’État, ainsi que de l’État lui-même.
 

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