On l’aura dans la mémoire longtemps, le verglas de décembre 2013

Jean-Claude Vézina, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, janvier 2013

Le verglas qui s'est abattu sur l'Estrie, le 23 décembre dernier, laissera dans la mémoire de plusieurs résidents de Cookshire-Eaton des souvenirs exaspérants. Tubulures d'érablières rompues sous le poids des branches cassées ou enterrées sous une rigide couverture de glace, plantations d'arbres ruinées, champs ensemencés menacés d'asphyxie, routes dangereuses, mais surtout, près de 2 000 personnes privées d'électricité pendant 6 jours avec tous les désagréments inhérents à une telle situation.

Voici en synthèse le bilan que dresse Noël Landry, maire de la municipalité, qui a consacré sa vie à l'agriculture. Pour pallier les urgences des quelque 2 000 individus qui ont été laissés longuement sans courant électrique, les intervenants se sont rapidement organisés pour répondre aux besoins des gens. Deux centres communautaires, dans les secteurs de Sawyerville et de Johnville, ont permis à plus de 20 habitants de s'héberger, de se réchauffer et de se sustenter. « C'était assez achalandé, ça roulait rondement », rapporte l'élu.

Le plan de sécurité civile de la Ville a bien fonctionné selon M. Landry. Dès la première journée, les premiers répondants ont sillonné les différents quartiers pour annoncer aux sinistrés que dans les centres communautaires, ils trouveraient des services d'hébergement et de nourriture. Deux personnes, que l'âge ou la santé rendaient vulnérables, avaient depuis longtemps été identifiées. Elles ont été très rapidement prises en charge. Le décès de l'une d'entre elles n'est pas relié aux conséquences verglas.

M. Landry ajoute que durant la tourmente, 2 premiers répondants, selon des quarts de travail de 8 heures, ont été en fonction 24 heures sur 24 aux casernes pour répondre à toutes les urgences. Le maire souligne la participation de la Croix-Rouge qui a été présente le 24 et le 26 décembre à Sawyerville et le 25 à Johnville. Cinq génératrices, dont une venait tout juste d'être achetée, ont assuré l'essentiel des services publics, entre autres, celui de l'eau potable, dans certains quartiers de Cookshire-Eaton, privés d'électricité.

Continuant sur sa lancée, M. Landry confirme que tout le personnel disponible a été mis à contribution pour libérer les routes, couper les branches qui les obstruaient. Les équipes d'Hydro-Québec ont été à pied d'oeuvre pour rétablir le courant. Depuis ce temps, les travaux d'élagage se poursuivent avec les tondeuses rotatives pour terminer le nettoyage. « Plus tard, on verra, avec les propriétaires, les mesures à prendre pour dégager les emprises », complète M. Landry.

En ce qui concerne la foresterie et l'agriculture, les dégâts s'étendent partout, mais de façon inégale, constate le maire. Pour l'exemple, il cite le cas, sur le chemin Dolbec, d'une plantation de 6 acres de pins rouges qui ont cassé sous le poids du givre. Jean Tremblay, technicien forestier, explique que le verglas a frappé plus durement un genre de triangulaire dans la MRC du HSF. Les pointes correspondent approximativement à Saint-Isidore-de-Clifton au sud, Cookshire-Eaton, secteur Cookshire, à l'ouest et Newport à l'est. C'est ce genre de reboisement fait avec une essence unique de pins rouges qui en a pris pour son rhume surtout. Les cèdres ont aussi subi les contrecoups de cette saute d'humeur de dame nature. Les pins rouges, rappelle M. Tremblay, sont vulnérables particulièrement s'ils ne sont pas correctement entretenus. Plantés trop dru, ils ne respirent plus que par les ramilles du faîte, ce qui les affaiblissent et s'ils reçoivent une coupe sélective trop tardive, ils ne peuvent pas se renforcer.

Dans les érablières, c'est surtout la surcharge de verglas sur les branches et leur rupture qui a rompu des kilomètres de tubulures de toute dimension. Les champs déjà ensemencés de trèfle et de luzerne risquent de s'asphyxier sous le couvert de glace qui s'est formée à la suite du grésil. Cependant, la casser avec des tracteurs serait une solution envisageable, mais cela représente des coûts élevés, rappelle le maire Landry. Somme toute, les conséquences de la majorité des dégâts seront mieux évaluables au printemps après le dégel, conclut-il. Il dresse un bilan positif du plan de sécurité civile mis en place par la municipalité et du travail désintéressé des nombreux intervenants.

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