Saint-Hyacinthe: capitale du pot ?

Paul-Henri Frenière, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, le 20 janvier 2014

En décembre dernier, on apprenait qu'un jeune couple de la région de Drummondville avait fondé une entreprise de culture de marijuana médicale. Une grosse affaire : équipement ultramoderne, environnement sécurisé et tout et tout. On veut profiter des nouvelles règles que Santé Canada mettra en vigueur le 1er avril 2014 et qui permettront aux producteurs – autorisés par la GRC – de vendre leur pot thérapeutique sans problème.

Du côté du corps médical, on voit déjà une certaine ouverture avec ce patient du CHUS de Sherbrooke qui peut inhaler en toute quiétude les effluves de cannabis dans sa chambre d'hôpital. Plus de 30 000 patients auraient déjà reçu une prescription au Canada et l'on prévoit que ce chiffre va décupler dans quelques années.

Chez nos voisins du sud, on va encore plus loin. Les États du Colorado et de Washington autorisent la vente libre de la marijuana «  à des fins récréatives ». Autrement dit, à n'importe qui, juste pour le plaisir de se geler.

Vous allez me dire que notre premier ministre Stephen Harper n'autoriserait jamais ça au Canada. Vous avez raison. Mais pour combien de temps est-il encore là? Si l'on se fie aux sondages, un certain Justin Trudeau pourrait bien prendre sa place dès 2015. Et l'on sait qu'il s'est déjà prononcé pour la légalisation du pot.

Quelque chose me dit que les astres vont s'aligner pour une libéralisation progressive de la marijuana sur le territoire nord-américain. Évidemment, les enjeux économiques seront gigantesques. Les entrepreneurs salivent déjà devant le pactole que l'industrie du pot va générer. Pas pour rien qu'une femme d'affaires de la Gaspésie s'est lancée récemment dans la culture intensive du chanvre. Pas très payant pour le moment, mais on acquiert les terres et développe l'expertise. Lorsque le pot sera légal, ses champs vont valoir de l'or.

Alors, qu'attend Saint-Hyacinthe pour justifier son nouveau slogan « Terre d'innovation »? N'avons-nous pas les terres les plus fertiles du Québec? Ne sommes-nous pas la Mecque de l'agriculture? Et en plus, nous avons la chance d'avoir l'Institut de technologie agricole (ITA) d'où sortent les meilleurs experts en production pot… agère.

On pourrait aussi s'occuper de la transformation avec l'aide du Centre de recherche et de développement sur les aliments (CRDA), cette respectable institution fédérale. On sortirait de nouvelles recettes de sauce à spaghetti, de muffins et peut-être même de crème glacée à saveur de marijuana.

Se positionner comme le centre principal de la production et de la transformation du cannabis au pays réglerait bien des  problèmes. Saint-Hyacinthe : capitale nationale du pot. Le centre-ville déborderait de touristes avec ses boutiques et ses bistros spécialisés. L'hôtellerie prendrait un nouvel essor et l'on se battrait pour racheter l'Hôtel des seigneurs pour le convertir en commune pour boomers nostalgiques. Les restaurateurs de fast-food du nord de la ville feraient des affaires d'or avec des hordes de clients affamés et de bonne humeur.

Bref, la prospérité économique de Saint-Hyacinthe serait assurée pour de très longues années. Je dois vous informer en terminant que je ne consomme pas « l'herbe du diable ». Il est vrai que certains de mes professeurs du secondaire en étaient convaincus. Surtout le prof de français qui trouvaient que je m'emballais facilement et que mes textes étaient un peu trop flyés. Bon, ok, je n'ai peut-être pas vraiment changé…
 

 

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