Fermières : Gardiennes de nos traditions

Antoine Rivard-Déziel, GRAFFICI, Gaspésie, janvier 2014

Ces femmes se rassemblent pour apprendre, tricoter, tisser ou simplement pour placoter. En Gaspésie, elles sont 1533 Fermières à unir leur talent pour protéger notre patrimoine et transmettre les traditions. Bienvenue dans le Cercle.

Les métiers à tisser, les machines à coudre et les bobines de fil s’imposent dans le décor du centre communautaire de New Richmond. Le sourire aux lèvres, Lucette Thibodeau, présidente régionale des Fermières de la Gaspésie, affiche une bonne humeur contagieuse.

Autour d’elle, les autres femmes se préparent pour l’atelier de l’après-midi. « J’adore ça venir ici », me dit Mme Thibodeau, fermière depuis 2003. « Il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre, toujours de nouvelles pièces à confectionner », raconte-t-elle en faisant visiter le local.

Âgées de 31 à 91 ans, les fermières de New Richmond, comme les 37 000 autres du Québec, partagent au moins une valeur commune : l’importance de transmettre les connaissances. Un savoir qui ne s’enseigne plus sur les bancs d’école. « Le tricot, la broderie, le tissage, c’est sorti de nos écoles. Les cours d’art domestique, ça n’existe plus. Alors ça prend des groupes de femmes comme le nôtre pour prendre le relais », affirme Mme Thibodeau. Bien que le nombre de Fermières ait légèrement chuté au cours des dernières années en Gaspésie, l’intérêt des jeunes femmes pour apprendre l’artisanat est grandissant. « On le voit dans nos expositions. Les jeunes sont curieuses », confirme Diane Audet, dans le cercle depuis 1999.

Cette curiosité se matérialise-t-elle en de nouvelles adhésions ? « Ça commence tranquillement, mais c’est difficile. Les jeunes ont des horaires chargés. Certaines trouvent le temps et d’autres non, malgré leur intérêt d’apprendre », dit Mme Thibodeau.

Et c’est justement pour le désir d’apprendre le tricot et le tissage que Justine Fortin-Chevalier, 28 ans, est devenue membre du cercle de Bonaventure en 2012. « C’est le fun d’être encadrée par des femmes qui s’y connaissent, qui ont les bonnes techniques », dit la jeune Fermière, avant d’ajouter qu’elle apprécie les valeurs qui se dégagent du groupe. « Une chose que j’ai apprise, c’est le souci du travail bien fait. Même si c’est juste un linge à vaisselle, s’il y a une erreur, il faut recommencer. Elles m’ont appris à défaire pour mieux refaire ».

Même si elle apprécie cette rigueur et les apprentissages, la recrue ne s’implique pas autant qu’elle le souhaiterait. La raison : des conflits d’horaire. « Les plus jeunes n’ont pas les mêmes disponibilités que les femmes à la retraite, qui forment la majorité. Avec le travail, certaines pour la famille, c’est difficile de participer aux activités en après-midi de semaine, par exemple », explique-t-elle. Et si les activités étaient mieux adaptées à cette réalité ? « Je participerais plus, ça, c’est certain ».

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