Un antidote aux jours gris

Marc Simard, Le Mouton NOIR, Rimouski, décembre 2014

L’été dernier, Nikole Dubois publiait Antidote : un trousseau de clés. Ce livre raconte une expérience menée depuis 30 ans au Témiscouata : « une expérience des plus remarquables vécue au Québec au cours des dernières décennies : une pédagogie vivante, originale et conviviale », écrit Élaine Audet dans la préface.

L’ouvrage relate un parcours de vie pouvant faire résonance. Il outille pour travailler ensemble alors que le vécu devient expertise. En filigrane, des grands pans de l’histoire du Québec sont traversés, de Duplessis à aujourd’hui : du temps des religieuses à celui des agents de développement.

Marc Simard : Expliquez-nous ce qu’est le programme Antidote.

Nikole Dubois : Antidote, c’est le droit de penser et de faire autrement. C’est l’autre dot, celle qu’on se tricote ensemble pour mieux vivre. C’est la permission de se « décorseter » de conditionnements sociaux reçus en dot et qui nous « mal-habillent ». C’est la synthèse d’un long travail de terrain ancré dans le quotidien et le territoire traduisant un savoir-faire universel maniant justice sociale, créativité et nature. Le processus qui a mené à la création du programme Antidote s’est développé petit à petit à même sa propre expérimentation. Huit programmes de formation sont nés pour révéler le potentiel des individus et des communautés à travers une démarche d’autonomie et d’identité qui appelle à croire en ce potentiel, toujours là en soi et autour de soi, à le découvrir, le dynamiser. Un potentiel souvent formaté et gratifié socialement par des modèles imposés de l’extérieur, tel un poison. Vitement, il fallait un antidote… qui allait devenir une vague déferlante et entraîner dans son sillage une épidémie de bien-être.

Ce sont les femmes qui ont inspiré la symbolique du mouvement et la façon de faire. Par la suite, l’approche a été adoptée par des jeunes, des communautés rurales et des aînés. À partir de l’est, le rayonnement s’est étendu à l’ensemble du Québec et ailleurs jusqu’à ce qu’Antidote soit connu comme « la louve blanche ». La rumeur l’a fait circuler transcendant tout plan de marketing. Aujourd’hui, plus de 1 000 éclaireuses ont été formées, des milliers de femmes ont été « antidotées », des centaines de groupes utilisent le concept et des contacts ont été établis avec 11 pays.

Marc Simard : Des dizaines de livres prétendent être la solution à tous les maux. Pourquoi le vôtre serait meilleur ?

Nikole Dubois : Mon livre est loin de prétendre détenir la vérité et d’agir isolément. Au contraire, son savoir peut croiser de nombreux autres visant une transformation sociale par des moyens créatifs. Il en va de la survie de l’espérance. Le contexte actuel appelle un tel partage devant le gigantisme de la tâche : économie de marché mondialisée néolibérale aux valeurs matérielles, à la pensée unique, en silo, mais mur à mur, où croissent les inégalités sociales ; toutes les droites et la dictature de la minceur… Le trousseau de clés présenté dans Antidote fait appel à un rêve social, à la solidarité, à la synergie, à la créativité, à l’équité pour aboutir à la dignité, à la fierté, à l’élégance et au bonheur pour tout le monde : des clés pour ouvrir des portes et changer les choses dans sa vie personnelle et collective.

Marc Simard : Quelle est la prochaine étape après la production de ce livre ?

Nikole Dubois : En tant que créatrice d’Antidote, je suis à l’âge de la passation. Je serai mentor pour accompagner mon oeuvre bien que l’apprentissage peut se faire d’une manière autodidacte. Le présent ouvrage est un nouveau véhicule pour que circulent les clés du programme. Il servira de port d’attache à qui veut souscrire à son idéal. Le remède doit continuer d’agir pour éradiquer le mal. Déjà, après quelques mois d’une première sortie, une deuxième édition vient de paraître.

Enfin, chaque histoire est inscrite dans la grande et lui ressemble. J’ai gravé la mienne dans un monde en manque de mémoire de femmes, de justice sociale et de créativité.

Antidote : un trousseau de clés est disponible auprès de l’auteure (nikoledubois@bell. net) ou sur demande en librairie.

 

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