La forêt privée en Estrie, un capital à développer

Denyse Gauthier, Le Cantonnier, Disraeli, le 19 décembre 2013

Un premier colloque sur la forêt privée en Estrie s’est tenu le 28 novembre dernier à Sherbrooke. Cette activité était organisée par divers intervenants du monde forestier. L’objectif était de démontrer le besoin de mesures nécessaires au plein développement de l’énorme capital forestier de notre région. Quatre conférenciers ont exposé leur point de vue sur la question. André Roy est président du Syndicat des producteurs de bois de l’Estrie. Dans son message, il souligne que ce secteur, bien que dynamique, ne comble que 14% des besoins de l’industrie locale, alors qu’il pourrait en combler 30% en adoptant de meilleures pratiques de sylviculture. La moyenne de productivité forestière en Estrie n’est que de 1m³ de bois à l’hectare, alors qu’en Scandinavie, par exemple, on obtient facilement 4 à 5m³ de bois à l’hectare. Afin d’améliorer le rendement des forêts québécoises, il importe donc que les producteurs forestiers deviennent plus performants et qu’ils produisent un bois de meilleure qualité.

Pour sa part, l’agronome Mélanie Lelièvre, directrice de Corridor appalachien, exhorte les propriétaires de boisés à créer des statuts d’aires protégées sur leurs boisés tout en maintenant une exploitation responsable autour de ces aires protégées.

Le troisième conférencier, l’ingénieur forestier Sylvain Rajotte est directeur général de l’Aménagement forestier et agricole des Sommets inc. Il a participé aux premières discussions pour la mise en place de règlements municipaux sur l’abattage d’arbres en Estrie en 1990. Depuis ce temps, dit-il, ces règlements ont peu évolué. Une importante mise à jour devrait être faite, afin d’adapter ces règlements aux réalités actuelles.

Finalement, l’ingénieur forestier Nicolas Meagher, directeur général d’Aménagement forestier coopératif des Appalaches, souligne que le film « L’erreur boréale », paru en 1999, a marqué la perception de l’ensemble des québécois sur la forêt. Il y a, dit-il, une énorme différence entre la foresterie du Nord illustrée par Richard Desjardins et l’exploitation des forêts privées estriennes. Après avoir brossé un tableau des pratiques sylvicoles employées en Estrie, il a montré que ces pratiques ont eu un effet positif sur la productivité de nos forêts. Une discussion a suivi les exposés puis une série de mesures visant à renforcer l’économie forestière de la région a été proposée. Ces mesures appellent l’appui du gouvernement du Québec, des MRC, des municipalités et des forestiers.

 

Mesures à prendre

a) L’Estrie contribue pour environ 13% à l’économie forestière du Québec mais elle est loin de recevoir sa juste part des budgets provinciaux pour l’aide à la forêt privée. Une répartition plus équitable de ces budgets est demandée;

b) La fiscalité foncière est mal adaptée et ne favorise pas suffisamment la mise en valeur de la forêt privée. La fiscalité foncière doit stimuler cette mise en valeur;

c) La réglementation municipale doit encourager et soutenir une activité forestière dynamique et durable dans la forêt privée;

d) Les plans de développement régionaux et les schémas d’aménagement du territoire doivent tenir compte de la contribution de l’activité forestière à la protection du patrimoine paysager et à la conservation de la biodiversité;

e) Obtenir de nouveaux statuts d’aires protégées permettant le maintien de l’exploitation durable des ressources forestières dans la forêt privée;

f) Un programme de soutien à l’éducation et à l’information forestière financé de façon équitable par rapport à la démographie régionale, en vue d’obtenir une meilleure acceptabilité sociale de l’économie forestière.

En conclusion, les participants ont été invités à signer une promesse de soutien pour la promotion de ces mesures.

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