Pierre et papier se côtoient le temps d’une exposition

Martine Laval, Le Sentier, Saint-Hippolyte, décembre 2013

Mireille Dubreuil, sculpteure et Renée Filion, artiste peintre, ont en commun l’amour et la belle vie des Laurentides qui les inspirent chacune dans leur art. Pour l’une, ce sont les rochers transportés par la glace mouvante à l’ère des glaciers qui se dressent au milieu de la forêt, et pour l’autre, l’espace où règnent le calme et la beauté, qui ouvrent les portes de leur inspiration. En novembre, à la Maison de la culture, le Service de la culture de Saint-Hippolyte a jumelé ces deux artistes inspirantes, le temps d’une exposition.

 

La pierre la fascine

 

Pour Mireille Dubreuil, le caractère immuable de la pierre la fascine, témoignant du temps qui passe en millénaires. Physique et tout en patience, son travail l’entraîne dans un état méditatif. Elle aime travailler manuellement, sentir dans son bras l’effort d’entrer dans la pierre, le temps de maîtriser la matière, le burin, la force et l’émotion.

 

Découvrir l’histoire de la pièce qu’elle sculpte

 

Le défi consiste à suivre la ligne des veines de la pierre pour découvrir le mouvement de sa création. Je laisse souvent des formes brutes côtoyer le poli et l’arrondi, le contraste des textures de la pierre rappelant toujours sa forme première. Je travaille chaque pièce aux limites de son format pour que toujours on y sente la mémoire de son premier contour. C’est à partir du centre que j’entame mes sculptures, de là viennent ces trous où l’on peut glisser les doigts. Qu’elle soit issue d’un bord de mer, du plissement d’une montagne ou de glaces éternelles, la roche raconte toujours son histoire, témoin ultime des âges de la terre et des êtres vivants.

 

Pas de frontières à l’inspiration

 

Les Andes et leurs fossiles marins, témoins de l’antique mer qui les recouvrait ou encore l’albâtre des Îles-de-la-Madeleine, m’inspirent des poissons, des oiseaux marins, des vents et des personnages en bord de mer. Je sculpte aussi les visages et le corps en mouvement de personnages qui s’arrêtent et observent, dans un exercice tactile. Je cherche, au-delà de l’esthétisme, à représenter un instant de paix autant que de conscience.

 

La curiosité nourrit sa création

 

Renée Filion est curieuse de nature, curieuse à propos de la nature. C’est ce qui, avec le désir de se laisser surprendre et le besoin de se faire plaisir, nourrit son geste créateur. D’abord c’est le support : papier ou carton, ensuite le ou les médiums : fusain, pastel sec, encre, huile ou gouache. J’esquisse la couche de fond avec un geste libre. De cette base floue se dégage un parfum de mystère. Des formes, des images, des histoires semblent surgir du pays de nulle part. J’adopte l’une d’entre elles. À moins que ce soit le contraire ?

 

Un voyage d’ombres et de lumières

 

Je suis toujours étonnée de voir apparaître les êtres improbables qui émergent dans mes compositions : créatures issues de mondes éthérés, évanescents, riches de cette infinie diversité qui m’inspire et me captive. Puis, je pars en voyage, dans cet ailleurs où se déploient les jeux des ombres, des lumières, des textures et des formes. Des couleurs, aussi. La lumière et les formes dansent sur la toile, dont les motifs se métamorphosent sans cesse, jusqu’à ce que j’aie le sentiment d’avoir donné sens, vie et mouvement aux formes, aux images, aux histoires.

Le résultat de ces œuvres propose une infinitude de perceptions et d’émotions à la personne qui observe, pour peu qu’elle soit désireuse de s’ouvrir aux possibilités pour baigner à son tour dans un monde d’une immense diversité.

 

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