Pierre Lalande, un artisan d’une rare authenticité

Monique Pariseau, Le Sentier, Saint-Hippolyte, décembre 2013

Pierre Lalande habite Saint-Hippolyte depuis 28 ans. Il y vit, y travaille et pendant  l’hiver, s’attarde à l’une de ses plus grandes passions : la fabrication artisanale de girouettes en cuivre. L’usage de cette flèche qui suit la direction du vent remonte au Moyen-Âge. Elle serait l’un des premiers instruments météorologiques que l’humanité ait inventés. L’ancêtre de la girouette serait un petit bout d’étamine qu’on plaçait à la pomme d’un mât, ce qui permettait de mieux contrôler les voilures et donc le cap du navire. On affirme aussi que la plus ancienne girouette est grecque et représentait un triton, cette divinité de la mer à figure humaine et à queue de poisson. Les girouettes représentant un coq, tel que les fabrique Pierre Lalande, datent du IXe siècle et sont d’origine italienne.

 

Artisanat versus usinage

 

C’est dans cet esprit d’authenticité que Pierre Lalande, artisan ferblantier et aussi artiste, fabrique ses girouettes à l’ancienne. Aujourd’hui, la plupart des coqs vendus en magasin sont usinés. Ils sont si minces qu’on les croirait anorexiques, il leur manque du volume. Tel n’est pas le cas du travail de Pierre Lalande. Je veux que mes coqs chantent, affirme-t-il! Ils sont bombés, pleins de vie et comme ils sont tout en cuivre, le temps et les vents adoucissent leur couleur et ils prennent des nuances qui marquent tant leur âge que leur beauté.

 

Miroiter dans le paysage laurentien

 

Les coqs de Lalande sont longs à prendre vie : 1 500 heures de travail pour un seul coq qui aura plus de deux pieds de diamètre et pèsera près de 40 livres alors que la flèche aura environ 36 pouces de long! Mes coqs, on les voit de loin! Quel plaisir de les sentir prendre vie et quelle fierté, une fois la naissance terminée, de leur donner leur raison de vivre et de les voir indiquer la direction du vent sur le toit d’une maison, d’une grange, d’un garage. Parfois, lorsque je passe par Montebello, Sainte-Sophie, Sainte-Adèle ou Saint-Colomban et que je vois l’un de mes coqs dominer le paysage, je suis fier de mon travail, car je sais que ces girouettes que j’ai travaillées avec tant de patience auront une vie longue et jaseront avec le vent bien longtemps après moi.

 

Persévérance et précision de l’artisan

 

C’est un véritable travail de moine, travail qui relève de la patience de l’artisan amoureux de son œuvre, qu’accomplit chaque hiver Pierre Lalande. Il lui faut d’abord tracer les différentes formes sur un carton, tel un patron de couture, puis tailler à la main ces dernières dans de longues plaques de cuivre qui, à elles seules, coûtent plus de 400 $ chacune. On n’a pas droit à l’erreur. Il faut être patient et minutieux, confie-t-il. Puis viennent les heures et les heures de martelage avec différents marteaux pour bien bosseler le cuivre, pour que le coq doucement s’emplume! Toutes ces pièces sont séparées. Ailes, corps, tête, yeux et plumes ressemblent d’abord à un énorme casse-tête. Elles seront ensuite réunies, soudées au plomb et l’artisan y insèrera un roulement à billes, cœur de la girouette, cœur qui lui permettra de suivre le vent avec facilité et bonheur! Les girouettes de Pierre Lalande sont exceptionnelles et méritent qu’on leur rende hommage. Même les lettres indiquant les quatre directions du vent sont taillées à la main.

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