Jean Massé, Le Journal des citoyens, Prévost, décembre 2013
Depuis de nombreuses années, nous entendons parler de développement durable (DD). D’abord utilisé au sein des organisations gouvernementales, le DD commence maintenant à faire son chemin auprès des entreprises.
L’élaboration de cette idée est en fait une réponse au développement économique effréné des années 50, 60 et 70 et à ses conséquences comme la dilapidation des ressources naturelles non renouvelables, la dégradation des milieux écologiques à l’échelle planétaire, la mise à mal de la biodiversité et les bouleversements sociaux et culturels occasionnés par cette course aveugle à la croissance. Ce que l’humanité réalise de plus en plus aujourd’hui, et cela devient une évidence, c’est que le type de développement qui a été fait et qui continue d’être fait n’est pas viable ni soutenable à long terme. Pourquoi? Tout simplement à cause de l’épuisement ou de la dégradation des ressources végétales, fauniques, aquifères et minérales. Ce qui a fait dire à l’association écologique WWF que si tous les États de la planète adoptaient l’american way of life (qui consomme près de 25% des ressources de la Terre pour 5% de la population) il faudrait cinq ou six planètes pour subvenir aux besoins de tous.
Mais qu’est-ce que le développement durable ?
Ce concept a été mis de l’avant en 1972 lors de la conférence des Nations Unies sur l’environnement, tenue à Stockholm. On parlait alors d’« écodéveloppement ». Mais c’est en 1980 qu’on entendit pour la première fois l’expression « développement durable » dans une publication (Stratégie mondiale de la conservation) de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Une des premières définitions à être élaborée a été celle de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement (rapport Brundtland, Notre avenir à tous, 1987). Mais, au sommet de Rio en 1992, la définition conçue en 1987 a été modifiée par le concept des trois piliers. Ces trois piliers sont le progrès économique, la justice sociale et la préservation de l’environnement, lesquels doivent être harmonisés dans une perspective de DD. C’est cette définition qui prévaut largement aujourd’hui.
Ainsi, au Québec, dans la loi sur le DD, adoptée en 2006 par le gouvernement, la définition suivante est donnée « Le développement durable s'entend d'un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Le développement durable s'appuie sur une vision à long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement. ».
Notre préoccupation relative à l’harmonie entre l’être humain, son milieu et sa subsistance trouve écho dans le passé à travers un discours magnifique prononcé en 1854 par le chef indien Seattle devant le gouverneur de l’État de Washington. En voici un extrait : «Comment pouvez- vous acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre ? L’idée nous paraît étrange. Si nous ne possédons pas la fraîcheur de l’air et le miroitement de l’eau, comment est-ce que vous pouvez les acheter ? Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple. Chaque aiguille de pin luisante, chaque rive sableuse, chaque lambeau de brume dans les bois sombres, chaque clairière et chaque bourdonnement d’insecte sont sacrés dans le souvenir et l’expérience de mon peuple… Nous savons au moins ceci : la terre n’appartient pas à l’homme; l’homme appartient à la terre. Cela nous le savons. Toutes choses se tiennent comme le sang unit une même famille… Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre. Ce n’est pas l’homme qui a tissé la trame de la vie, il en est seulement un fil. Tout ce qu’il fait à la trame, il le fait à lui-même. ». Ces paroles de Seattle me font réaliser que ce que l’intuition de l’homme d’autrefois lui avait permis de comprendre, l’homme d’aujourd’hui est à son tour en train de le redécouvrir à travers la démarche scientifique. Oui, tout est lié; et l’esprit de fraternité et d’harmonie qui accompagnent la période des fêtes est l’occasion de se le rappeler.