Monique Hébert, Boum ! Barraute, décembre 2013
Depuis novembre, les comptoirs des super marchés sont remplis de bûches de Noël: gâteaux roulés décorés de glaçage blanc ou chocolaté, bûches à la crème glacée, gâteau suggérant la forme d'une bûche. La liste des ingrédients contient des noms étranges, peu en lien avec la bûche originale: une simple bûche de bois.
L'origine de la coutume se trouve dans un rite associé au dieu Odin, Woden en germanique, le principal dieu de la mythologie nordique. Aux jours les plus courts de l' année, alors que le soleil semble vouloir s' éteindre, les peuples nordiques croyaient que le dieu Odin revenait sur terre pour lui redonner vie. Pour s'attirer ses bonnes grâces, ainsi que celles de son fils Thor, dieu de la fécondité, on plaçait dans l'âtre une longue bûche qui devait brûler lentement. On allumait une de ses extrémités et on la poussait vers le foyer à mesure qu' elle brûlait. Au moyen-âge, alors que les rites chrétiens remplacent ou adaptent les rites païens, on retrouve la coutume de la bûche. Elle est en bois d' arbre fruitier et doit brûler pendant plusieurs jours. On mentionne souvent le nombre douze, qui serait à l'origine de la coutume des douze jours de Noël (Twelve days of Christmas) encore vivante dans les pays anglo-saxons. L'allumage de la bûche se faisait selon des rituels précis. On la bénissait à l'aide d'une branche de buis ou de laurier. Dans certaines régions, on l'arrosait, pendant le brûlage, de vin pour assurer une bonne vendange ou de sel pour protéger la maison des sorcières. On conservait les tisons pour préserver la maison de la foudre et on répandait la cendre pour fertiliser les champs. La cendre entrait aussi dans la composition de certains remèdes. En Provence, on arrosait la bûche enflammée de lait ou de miel, en mémoire des délices du jardin d'Éden, ou encore de vin en souvenir de la vigne cultivée par Noé. Si le feu faisait de nombreuses étincelles, on était assuré d'une récolte abondante. Par contre, si la lumière projetée par le feu projetait des ombres sur les murs, quelqu'un mourrait avant le prochain Noël. La disparition des grands âtres a sonné le glas de la longue bûche.
L'origine de la bûche de Noël moderne est méconnue. Selon certains, un pâtissier français se serait inspiré de l'ancienne coutume pour créer en 1879 un gâteau de Noël. D' autres avancent le gâteau roulé en forme de bûche créé par un autre pâtissier français en 1945. Cependant, la tradition était déjà bien établie dans la province française du Poitou au XIXe siècle où on mettait sur la table de Noël un gâteau composé d'une génoise sur laquelle on étendait une crème parfumée au café, au chocolat ou au Grand Marnier. On roulait le gâteau en forme de bûche et on le décorait de crème au beurre.
Depuis quelques années, les chefs pâtissiers et les revues culinaires s'en donnent à cœur joie pour créer la bûche qui laissera au palais un souvenir impérissable. On trouve dans les recettes modernes la crème à la banane, à la fraise, aux marrons glacés, aux framboises, la bûche chocolat-gingembre, menthe et bonbons, à la confiture de lait. On donne même des recettes de bûches légères pour ceux qui surveillent leur ligne ou leur santé : bûche aux fruits exotiques, gâteau roulé au miel ou gâteau neige. Quel que soit le dessert que vous servirez à Noël, je souhaite que vous le dégustiez en bonne compagnie, dans une atmosphère de joie et de convivialité. Heureuse fête de Noël à tous nos lecteurs.