Lancement des lettres de Clémence

Diane St-Onge et Jocelyne Marcotte, Le Montbeillard en bref, novembre 2013

Réunies sous les auspices de la Société d’histoire et du patrimoine de Montbeillard, une trentaine de personnes ont participé, le 19 septembre dernier, à la bibliothèque de ce quartier, au lancement d’une plaquette regroupant neuf lettres écrites de 1935 à 1936, par une pionnière aux abois.

Le nom de cette femme : Clémence Ébacher née Cossette, d’où le titre Les lettres de Clémence apparaissant sur la couverture brochée de 30 pages.

Parmi les personnes présentes, il y avait notamment des enfants de pionniers de cette époque, tels Pauline Blais-Grimard, France Simard, Martial Bourassa, Jean-Guy Lafrenière, Pierrette et Denise Gouin et André Bergeron. Et aussi et surtout, dirions-nous, Yves Bouchard, petit-fils de Clémence, ayant effectué avec sa compagne, un long périple du sud du Québec jusqu’ici pour mettre ces documents inédits jusque-là en perspective.

À travers ces lettres, lit-on dans le judicieux prologue de cette brochure, on découvre la situation de sa famille, les conditions de vie dans un rang loin de tous les services, la maladie, l’espoir et surtout le regard porté sur le sort réservé aux colons de cette époque.

Dès sa première lettre, Clémence souligne que le long voyage en train de la région de Trois-Rivières jusqu’à Rouyn d’abord, puis en auto ensuite jusqu’à Montbeillard par de mauvais chemins, les a rendus malades, ses quatre enfants de un à cinq ans et elle. Dès l’arrivée, le cauchemar s’accentue lorsqu’elle découvre ce qu’elle ignorait avant son départ : son époux Gérard Ébacher qui les a précédés en ces terres pour y édifier un camp d’accueil pour sa famille est gravement malade et hospitalisé à Rouyn.

Kathleen Lafond et Agnès Champagne, membres de la Société d’histoire et du patrimoine de Montbeillard, ont lu des extraits poignants et touchants aux personnes présentes lors du lancement. Et ce, alors que Yves Bouchard les commentait et que sa mère, Pierrette Ébacher, la fille aînée de Clémence (trop âgée pour effectuer physiquement le déplacement) ajoutait à la charge dramatique en s’adressant directement à l’auditoire par le truchement d’un téléphone répercutant sa voix dans la salle.Au terme de son séjour de quelques mois en terre abitibienne, Clémence Ébacher est décédée peu de temps après, quelques heures après avoir accouché dans sa région de Trois-Rivières retrouvée, d’un cinquième enfant qui ne devait vivre que quelques mois. Avec pour résultat que toute la famille fut dispersée.

Où, quand, comment, pourquoi toute cette misère, ces drames et ce gâchis humain? Qui a fait quoi avec pour résultats de telles issues ? Voilà ce dont il fut fondamentalement question pour que les enfants et les petits-enfants Ébacher survivants de cette tragique épopée parviennent à comprendre enfin qui ils sont vraiment à travers ceux qui les ont précédés et dont ils ignoreraient tout si ce n’était de ces quelques lettres. Avec pour témoins en toile de fond une trentaine de personnes constituant l’auditoire le 19 septembre 2013, en une bibliothèque des plus chaleureuse à Montbeillard. À la faveur de la publication et des rencontres, la famille a pu enclencher une véritable thérapie de guérison. Cet événement fut pour la famille l’occasion de transmuter les émotions négatives refoulées et de se réapproprier des bribes importantes de la mémoire générationnelle.
 

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