Jean-Claude Vézina, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 20 novembre 2013
Rodéo des mots, rodéo des maux, rodéo démo… Ce ne sont là que des pistes pour interpréter le 7e recueil de poésie de Jean-Pierre Patry, lancé lors du Salon du livre tenu à Sherbrooke dernièrement. Voici que ce poète du Haut-Saint-François nous invite à galoper avec lui, « à cheval sur les mots », lui qui « cherche l'équilibre », quand il écrit et qui vibre « sur le dos d'une feuille » y notant ses « pensées qui s'effeuillent. »
Ce 7e autoportrait, peint des couleurs de sa propre palette et d'une autre où il charge ses spatules de coups de gueule contre les travers de la politicaillerie, il l'a préparé de longue main. Il écrit sur des morceaux de papier qu'il accumule sur une tablette. « Quand la pile est assez haute, je prends mes dimanches pour les entrer à l'ordinateur et en faire les corrections. » Il ne sait pas d'où viennent ses idées. « Ça vient comme un flash. »
Son recueil, qu'il a construit comme un rodéo, avec ses hauts, ses bas, ses chutes et ses remises en selle, il l'a construit selon sa vision de cowboy, en fonction des sautes d'humeur de l'amour, se référant souvent au passé. Il n'oublie pas les enfants, surtout ses petites-filles et petits-fils qui lui inspirent des mots de tendresse. Comme il sait que la traversée de la vie n'est pas toujours rose, il enfourche l'affreuse monture des maux. Il profite de son vécu campagnard pour renouer avec lui, tout en égratignant au passage le fonctionnariat qu'il n'apprécie guère. Et pour son rodéo de la vie, il prend «le beu par les cornes».
Fidèle à ses habitudes, le poète ne s'impose pas de contrainte. « Il faut que je réagisse pour produire. » Par contre, il sait raffiner ses propos. « Je veux trouver le bon mot pour le mettre à la bonne place. » Cependant, il ne s'empêche pas de mordre dans les travers de certaines gens, de certains groupes. Entre autres, il fait ses choux gras des politiciens et des personnes qui occupent des postes de responsabilité. « Ils sont assis sur le bacul ces politiciens sans couilles, ces politiciens élus pires que des andouilles. »
Sa propension à aimer les humains transcende à travers ses écrits. Peu importe leurs travers, peu importe les bévues qu'ils peuvent commettre, il ressent leur douleur, leur mal-être. « Au Saloon du grand Joe […], l'on y chante sans voix des airs du passé pour pleurer de sang-froid sur sa vie inchangée. » Et lui-même! Il se décrit comme un homme happé par la vie. Mais fort, il aime en « tiguidou quand je sais que je sais que je n'ai pas beaucoup de ces années qui restent à aimer en fou itou, ça reste tiguidou malgré tout ».
Depuis l'Agroculture de l'été passé, Bernard Brisson, musicien amateur, fixe la poésie de l'auteur sur ses feuilles de musique. Les quelques textes qu'il a interprétés lors du lancement du livre les magnifiaient. D'ailleurs, M. Patry vibrait d'émotion jusqu'à lui rendre les yeux brillants. Hélène Patry, sa soeur, soulignait son besoin de solitude. « Jean-Pierre manie mieux les crayons que la parole », et pour lui, « la poésie lui apportait plus que des mots, elle apportait aussi de l'énergie. »
M. Patry a chaleureusement remercié ses précieuses collaboratrices: Manon Rousso, artiste-photographe pour les pages couvertures, Geneviève Patoine, designer graphique pour la mise en page, Mireille Rodrigue pour ses illustrations et Karine Robbez-Masson pour la révision des textes. Publié par sa propre entreprise, Les Communications Jean-Pierre Patry, il s'est associé avec Plume et Sarcelle Éditions pour la promotion et la distribution.