Jean-Claude Vézina, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 20 novembre 2013
Sous la présidence de Roberto Toffoli, conseiller au MAPAQ en relève agricole en Estrie, et d'Alain Audet, président d'honneur, producteur de porc en Beauce, s'est tenue la 3e édition des Rendez-vous de la relève en agriculture, qui s'est déroulée récemment au Centre communautaire de Weedon.
Ils étaient entourés d'une fournée de spécialistes, tous dédiés à faciliter l'établissement de jeunes dans des activités agraires principalement. L'évènement a permis à 87 étudiants d'y participer.
De niveau professionnel ou collégial en agriculture, ils provenaient du Centre d'initiative et de formation en agriculture (CRIFA) de Coaticook, du CÉGEP de Sherbrooke, campus de Coaticook, du CÉGEP de Victoriaville et de la Maison familiale rurale de Saint-Romain. Au cours de la journée, lors de rencontres express, ils ont pu s'informer sur le démarrage d'entreprise, le transfert de ferme apparenté ou non, la culture en serre, l'horticulture, la gestion de troupeau, les soins vétérinaires, etc. Quinze sujets en tout ont été présentés. Même la culture hydroponique a été abordée par un étudiant, confiait Yolande Lemire, coordonnatrice de l'évènement et conseillère en transfert de ferme. Complétant cette rapide consultation, ils ont participé aux visites guidées, à 6 ateliers et aux échanges autour des kiosques montés par de nombreux intervenants.
M. Audet soulignait l'initiative des organisateurs. « Il faut trouver de bons outils pour éviter le démantèlement des terres. Faciliter le transfert à un jeune apparenté ou non est très important », suggérait-il. Il ajoutait que le propriétaire avait droit à une retraite digne et que le jeune devrait espérer vivre décemment de son travail. «?Il faut être fait fort pour se lancer en agriculture et avoir une grande tolérance aux risques », donnait-il comme conseil pour les futurs exploitants.
M. Toffoli craint les effets de la bulle spéculative portant sur l'achat de terres agricoles. « Ceux qui veulent débuter dans ce domaine n'ont pas tous les revenus pour contrer ce phénomène. Un des moyens de les aider, c'est de constituer un capital de risque sans garantie. » Il aiderait à combler l'écart entre leur avoir et l'argent consenti en aides diverses. Ils pourront conclure les transactions concernant la passation des fermes ou le démarrage d'entreprise. La Financière agricole, le Fonds de solidarité FTQ, le Mouvement Desjardins en ont créé un dans lequel ils mettent chacun 25 M$ en 5 ans pour les appuyer dans leur quête.
Mme Lemire, du Centre régional d'établissement en agriculture du Québec, guide les futurs producteurs. Elle les aide à préparer leur entrée dans ce domaine. Elle maintient que « la personne la plus importante [pour aboutir à ses fins] c'est le comptable. » Elle, qui déplore le démantèlement des fermes et la démolition des belles granges, encadre les jeunes pour qu'ils apprennent à poser les bonnes questions pour en arriver à boucler leur montage financier. Elle leur permet de découvrir tous les programmes d'aide.
Jean Rousseau, député de Compton-Stanstead, indiquait que le profil entrepreneur est plus élevé en agriculture. «?Ça prend la fibre spéciale et le partenariat de nombreux spécialistes pour qu'ils réussissent. L'agriculture est vitale pour l'économie locale », faisait-il remarquer. Il s'est dit surpris de voir la proportion grandissante de femmes désireuses de se lancer en affaire dans ce domaine et de gens intéressés à transmettre leur savoir. Par contre, il déplorait que « les artistes de l'agriculture comme ceux des arts soient les parents pauvres de l'économie. »
Un des conférenciers, Aaron Patella, a proposé aux étudiants une réflexion sur la gestion du temps. Pour les travailleurs autonomes, ce peut être facteur de réussite ou d'échec. Il leur a démontré, à partir des 4 quadrants Covey, la nécessité de distinguer ce qui est urgent de ce qui est important. Les étudiants croisés ont manifesté leur satisfaction parce qu'ils ont pu sortir du «théorique» pour se tremper dans le «pratique». Le MAPAQ, Emploi-Québec, l'UPA, les différentes coopératives régionales, la Commission scolaire des Hauts-Cantons, la Municipalité de Weedon et de nombreux autres partenaires les ont écoutés et renseignés.