Intégrer : une responsabilité partagée

Geneviève Gélinas, GRAFFICI, Gaspésie, décembre 2013

Les organismes gaspésiens d’accueil sont conscients des efforts à faire pour intégrer les nouveaux arrivants. Ce travail doit être partagé entre « néos » et « natifs », estiment-ils. Zénab Hamat, originaire du Tchad, s’est installée en Gaspésie il y a sept ans, après des études à Québec. Cette employée du ministère québécois de l’Agriculture à Caplan a réussi à se bâtir un réseau social. « Il faut travailler pour, saisir les opportunités, dit-elle. Je suis arrivée ici seule, mais j’ai commencé à sortir avec un Gaspésien un an plus tard. C’est sûr que ça aide. Mais je me suis impliquée aussi; j’ai été administratrice de l’organisme Rue de la Cité. »

Mme Hamat devra sans doute raconter l’histoire de ses origines toute sa vie. Elle l’accepte sans mal. « C’est inévitable, ça vient avec l’immigration », dit-elle. Aux Gaspésiens de souche, elle demande simplement d’être « sensibles au fait que quand on ne vient pas d’ici, ce n’est pas aussi facile ».

Tous les nouveaux arrivants n’ont pas le succès de Mme Hamat. Même s’ils ne les dénombrent pas, les agents de migration voient certains quitter la région. La deuxième année est critique, considère Danik O’Connor, coordonnateur de la stratégie d’établissement durable à la Conférence régionale des élus Gaspésie-Îles-de la-Madeleine. « Les gens font leur processus d’intégration la première année, expliquet-il. Dans la deuxième, s’ils ne trouvent pas leur place, un questionnement se fait. »

Chaleureux et accueillants, les Gaspésiens le sont. Mais entrer dans un groupe formé depuis la maternelle peut être ardu. « On dit que les Gaspésiens ouvrent vite les bras, mais qu’ils ne les referment pas facilement, résume Geneviève Plourde, agente de migration Place aux jeunes pour la Côte-de-Gaspé. Les arrivants plus introvertis peuvent avoir plus de mal. Mais ce n’est pas différent des autres régions où le milieu est tissé serré. Il faut avoir le réflexe de s’impliquer, de faire du bénévolat », conseille-t-elle. Point positif : la structure d’accueil de la région s’est améliorée ces dernières années. La Gaspésie compte cinq comités d’accueil des nouveaux arrivants et cinq ressources pour les immigrants (une par MRC). « On est la région la mieux équipée », juge M. O’Connor.

« Un des objectifs des comités d’accueil, c’est maintenant de faire un “mix” entre natifs et nouveaux arrivants », indique le coordonnateur. Dans la stratégie d’établissement présentée ce mois-ci, on invite les Gaspésiens de souche à faciliter l’intégration des nouveaux dans leur milieu de travail. On leur demande aussi de devenir des « ambassadeurs » de leur région. « On a besoin de gens qui valorisent la région, parce que le travail d’attraction et de rétention est l’affaire de tous », résume M. O’Connor, qui insiste sur l’apport des nouveaux arrivants.

« Ce sont souvent des gens ouverts, participatifs, qui mettent des choses en place. À Gaspé, je pense à la ligue d’improvisation et à la ligue d’ultimate frisbee [formées en bonne partie de néo-Gaspésiens]. » Malgré tout, il y aura toujours des néo- Gaspésiens qui repartent. « La génération Y est hyper-mobile. Des fois, ce n’est pas parce qu’ils n’aiment pas la région qu’ils la quittent, précise M. O’Connor. C’est qu’ils sont prêts à aller relever un défi ailleurs. On ne peut pas grand-chose contre ça. »

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