Un choix de société

Mercedes Domingue, Échos, Montréal, novembre 2013

Les anti-charte qui laissent croire que le port du voile ou de la burqa relève du choix des femmes sont ou bien aveugles, ou bien sur une autre planète. Dans la majorité des cas, la femme vit depuis l'enfance au sein de son pays d'origine dans une culture de soumission. Le même argument a été mis de l'avant dans notre propre passé par le clergé et la classe politique. Les femmes d'alors ont dû se battre pour sortir de l'obscurantisme et obtenir la laïcité en éliminant du paysage public tout signe religieux «ostentatoire» qui évoquerait l'oppression contre les femmes.

Beaucoup trop de religieux intégristes, dans un but non avoué, essaient d'imposer leur croyance comme la charia et remettre en question les acquis démocratiques sur deux générations. Il suffit de constater ce qui se passe dans plusieurs pays musulmans comme la Tunisie, le Mali, l'Égypte, l'Afghanistan, l'Arabie Saoudite, l'Iran, l'Irak, etc. – sans compter l'Europe où les gouvernements ont dû faire preuve de vigilance et passer des lois pour se protéger de ce fanatisme.

Heureusement, le fanatisme n'est pas le lot de la majorité musulmane en Occident. Ceux que les Québécois ont accueillis généreusement font le choix d'accepter l'intégration à nos valeurs de liberté et d'égalité sans provocation. Mais il arrive, parfois, que des intégristes se manifestent et attaquent ouvertement la société d'accueil.

Dans La Presse (19 octobre 2013), deux femmes voilées, en réponse au questionnement d'une personne âgée sur le port du voile, avaient répliqué que les Québécoises étaient des «chiennes» et que le Coran imposerait sa loi d'ici une génération…

Enfin, certains croient que la charte isolera davantage des femmes musulmanes souvent déjà marginalisées. L'argument est non justifié. La France, qui a entrepris des réformes plus radicales, incluant l'interdiction de la burqa dans l'espace public, a une législation plus ferme et encadre plus que nous l'intégration. Elle demande à l'immigré de s'intégrer au creuset républicain et de se joindre à égalité à ses concitoyens de la communauté politique à laquelle il appartient de plein droit, pourvu qu'il en ait la volonté. L'État est, au final, le garant des libertés de tous pour tous et se fonde sur le principe du choix du peuple. Le libre choix de chacun s'arrête quand il fait obstacle à la décision de la majorité.

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