Éolien : des repères

Geneviève Gélinas, GRAFFICI, Gaspésie, novembre 2013

Québec a-t-il raison de commander un nouvel appel d’offres éolien alors que la province a des surplus d’énergie ? Pour éclairer votre réflexion, GRAFFICI a colligé quelques chiffres et opinions.
 

Des pommes et des éléphants

 

Comparer le coût du complexe hydro-électrique La Romaine aux parcs éoliens revient à comparer « des pommes et des éléphants », estime Réal Reid, un spécialiste en énergie, ancien chercheur d’Hydro-Québec. « On compare avec des petits projets éoliens, qui ne sont même pas dans les coins les plus venteux », dit-il. La Romaine totalisera 1550 MW, comparativement à 300 MW pour le plus gros des parcs éoliens. Hydro-Québec obtient des taux d’intérêt plus avantageux que les promoteurs éoliens grâce à sa plus grande capacité d’emprunt. Et la société d’État ne prend pas de bénéfice, contrairement à ces promoteurs. L’amortissement de La Romaine est calculé sur 120 ans; celui des parcs, sur 20 ans. Le spécialiste en énergie Jean-Thomas Bernard estime que le coût réel de La Romaine sera plutôt autour de 8 ¢ du kWh. Il juge « inapproprié » qu’Hydro-Québec compare le coût unitaire de La Romaine sans primes de risques pour l’actionnaire avec les coûts d’autres filières, comme l’éolien, qui incluent ces primes. Le Techno-Centre éolien demande d’ailleurs à Québec d’appliquer les mêmes règles comptables à toutes les sources d’énergie dans le calcul des coûts de revient. L’organisme cite en exemple la U.S. Energy Information Administration, qui évalue le coût de l’éolien à 8,7¢ du kWh et celui de l’hydro-électricité à 9¢ en appliquant des règles standardisées.

 

Ce qu’en disent des économistes

 

« Si on prend la lorgnette des besoins d'énergie, c’est clair que les projets éoliens ne sont pas pertinents dans le contexte actuel [de surplus]. Ils peuvent l’être pour des questions de développement économique régional. Mais dans ce cas, il faudrait faire la preuve que parmi toutes les possibilités de développement, l’éolien est la meilleure option. Cette preuve n’a pas été faite. »
Pierre-Olivier Pineau, professeur aux HEC Montréal

« On est en période de surplus énergétiques, c’est donc clair que [de nouveaux projets de production] ne sont pas une bonne chose. Et si on avait à construire des projets, il faut se demander si l’éolien serait le moins coûteux. L’arrivée du gaz de schiste a fait chuter énormément le prix du gaz. On peut construire des centrales au gaz pour 6 ¢ le kilowattheure. Et on oublie souvent que l’argent injecté dans le développement régional] est absorbé par les consommateurs d’électricité ou par la  baisse de revenus d’Hydro-Québec.»
Jean-Thomas Bernard, professeur invité au département de sciences économiques de l’Université d’Ottawa

 

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