Un acteur de changement

Guillaume Rosier, Le Trait d’Union du Nord, Fermont, le 21 octobre 2013

Yan Imbault, qui incarne le personnage d'Atlas GéoCircus, s'implique depuis maintenant 12 ans dans le domaine du cirque. Clown social et humanitaire, il a voyagé aux quatre coins du globe. Rencontre avec un acteur du changement.

Le Trait d'union du Nord: Quel a été votre parcours?

Yan Imbault: Au départ, j'ai étudié en anthropologie. J'ai par la suite suivi des formations de jeu clownesque. J'ai été très impliqué dans différents projets à teneur humanitaire, que ce soit au sein de Clown sans frontières ou Cirque du Monde. J'ai été amené à beaucoup voyager. Mon métier de clown social, je l'ai vraiment appris en me produisant dans la rue. Le jeu clownesque est pour moi un outil permettant de dialoguer, de parler d'enjeux importants.

TDN : Parmi ces enjeux, il y a entre autre la consommation de l'eau.

YI : Mon spectacle Les Expéditions d'Atlas GéoCircus est présenté en collaboration avec l'organisme ONE DROP. Sur la planète, une personne sur sept vit avec moins de cinq litres d'eau par jour. Au Québec, le niveau global de la consommation en eau potable se situe à près de 800 litres par personne par jour. Il est important d'en parler pour que l'on évite le gaspillage. C'est quand on se retrouve dans le besoin que l'on commence à réaliser l'importance des choses. Il n'y a personne qui ne sache mieux ce qu'est la liberté qu'un prisonnier.

TDN : Quel est le but premier de votre spectacle ?

YI : C'est surtout de donner au monde le gout d'aller voir ce qui se passe ailleurs. On a tendance à être trop fermé sur soi-même dans son petit environnement. ses affaires, ses jeux, ses besoins … Autant les petits que les adultes. Dans mon spectacle, je titille l'envie de découvrir l'autre. Je porte également l'accent sur le respect d'autrui, en utilisant l'autodérision par exemple.

TDN : Après avoir assisté à votre spectacle, comment le public réagit-il ?

YI. : Les parents trouvent ça vraiment le fun que je rejoigne à la fois les petits et les grands. C'est certain que les plus petits ne comprennent pas forcément le message que je veux véhiculer. L'important pour moi, c'est tout simplement qu'ils passent un bon moment et qu'ils s'en rappellent. Si le spectacle marque une personne au point qu'elle ira faire des recherches, c'est une personne de gagnée. Elle sera sans doute plus ouverte, plus tolérante et pourra peut-être en influencer d'autres. C'est naïf au bout! (rires)

TDN : Quel voyage vous a le plus marqué?

YI : Très certainement mon voyage en Côte d'Ivoire, en 2000. Arrivé quelques jours après le coup d'État, c'était ma première visite en Afrique. J'y suis resté pendant près de six mois. Je vivais avec les jeunes de la rue, dans les quartiers nord d'Abidjan. Sur place tout allait bien. C'est à mon retour que les choses se sont compliquées. J'ai établi des liens qui m'ont fait comprendre pourquoi ici on a tant alors que là-bas ils ont si peu. Ce bout de ma vie a été un peu « rock and roll ». J'étais en confrontation avec le système. Finalement, j'ai décidé que je ne pouvais plus vivre comme ça et c'est à ce moment que le cirque social a pris tout son sens.

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