Que font nos jeunes le dimanche?

Étienne Walrarens, Le Tartan, Inverness, octobre 2013

Les parents ne le savent pas toujours, sauf ceux qui ont entendu: « Maman! Je vais au pit. » Dans le « pit» ils sont parfois 15. Oui, plus qu'aux plus beaux jours à la patinoire ou sur les modules de BMX auprès du poste des pompiers. Les pits, ce sont les sablières bien cachées, exploitées ou épuisées pour la plupart, que l'on retrouve un peu partout dans le village.

Dans ces grands carrés de sable qui sont offerts gratuitement, qui ne demandent aucun entretien, aucun nettoyage, ils s'amusent sur de grands jouets à deux ou quatre roues. Elles ont parfois une mauvaise réputation ces moto de cross à cause du bruit qui dérange, quand elles passent dans les rues du village avec au guidon un irresponsable en quête d'admirateurs.

Rien de neuf depuis l'enfance, le jeu préféré de Hayden, 2 ans, de Rémy, 18 ans, c'est le bac à sable. Là, ils escaladent sur leur moto les parois bien abruptes parfois. Il ne faut pas tomber ou rester enlisé à mi-hauteur. Tout est une question d'audace et d'équilibre, mais il faut aussi mesurer l'accélération en bas pour arriver en haut tout en ne creusant pas trop la trace avec les crampons d'une roue qui tournerait trop vite. Une fois au sommet, il faut oser se lancer dans la descente, la vitesse augmente mais il ne faut pas perdre l'équilibre, la chute serait interminable!

Ils se bousculent, tentent de se doubler tout en projetant le plus de sable possible sur le dépassé. Ils se lancent des défis: « Oses-tu monter celle-là 7» en montrant une falaise dont les derniers mètres sont à la verticale. L'audace des plus habiles est de monter de biais jusqu'à mi-hauteur et puis, sans ralentir, changer de direction sur le mur et redescendre, tout en accélérant. Les sentiers que creusent les pneus à crampons se font et se défont, les parois changent au fil des voyages de sable qui sont chargés sur les camions, mais rien ne décourage les infatigables grimpeurs.

Le jouet coûte cher pour ces ados même s'il n'est pas neuf. Le plus souvent après négociations, Papa et Maman financent le premier achat sur la promesse de rembourser en travaillant à la ferme ou ailleurs. La dette diminue rapidement, mais parfois la malchance se pointe : la panne! Les frais de réparation s'ajoutent à l'hypothèque. Il faut alors doubler de courage, travailler davantage et dépenser moins en insignifiances.

Le motocross, ce sport mal aimé peut apporter beaucoup aux adolescents qui se cherchent. La prime est parfois payée en éraflures et os brisés, mais là où il n'y a pas de péril, il n'y a pas souvent de vraie satisfaction. La moto, ce sport enivrant, apporte très tôt le sens du travail, le goût de la mécanique, façonne le corps en lui donnant audace et sens de l'équilibre, crée des amitiés franches et durables.
 

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